Une petite cure de rajeunissement a lieu lorsqu'on va voir cette parodie de film d'aventure. C'est du théâtre d'aventure. De l'épique moderne. On se retrouve avec l'âme d'un enfant devant un tour de magie. Il le faut.

Cela se passe en 1936 sur la scène d'un cabaret ou sous un chapiteau de foire : La conférence d'un explorateur de retour d'Amazonie d'où il a ramené un singe nommé Kong. Un début de siècle mythique basé sur le socle réel des exhibitions qui existèrent à la suite des expositions coloniales de cette époque. Et tous les escrocs qui profitèrent de cet engouement. Mais aussitôt, le spectacle bascule dans le décalage.

Un héros, une héroïne, des méchants, des voyages, une quête, un trésor, des paysages somptueux, des courses-poursuites en voiture, des combats à mains nues et à armes à feu, des cryptes, des traîtrises, des paysages en cinémascope, le tout mâtiné d'un peu de sadisme, d'un peu de voyeurisme et d'une bonne dose de dérision : toute la panoplie des films hollywoodiens est là.

Le spectacle va à toute allure. Changements de décors ultra rapides (magnifiques conception de Cyril Courbet), scènes courtes, efficaces, et surtout de l'action, toujours de l'action pour raconter cette histoire qui se déroule entre l'Europe, l'Afrique et l'Amérique du Sud.

C'est avant tout l'histoire d'un duo qu'on a vu des dizaines de fois sur les écrans : l'aventurier bluffeur aussi macho que froussard et la jeune fille de bonne famille pudibonde et néanmoins troublante. On devine l'intrigue à venir dès la première rencontre, il n'y a plus qu'à se laisser entraîner par les événements, les péripéties, les coups de chance et de malchance et la lente et convenue progression du sentiment amoureux qui va naître.

Avec ses décors en carton-pâte, ses toiles peintes et ses faux accidents de manipulation, ce spectacle joue souvent dans le registre des Monty Python. Tout est faux, tout est vrai, de la BD en chair et en os, avec parfois des répliques et des situations qui auraient pu être inventées par Les Nuls.

On est dans le monde merveilleux du cartoon avec tout son lot d'invraisemblances et d'anachronismes jubilatoires. Du rêve de bouts de ficelle. Naïf. Mais une performance rythmique pour les quatre interprètes aux potentiels comiques certains. La palme revenant à Aymeric de Nadaillac qui cumule la mise en scène et une demi-douzaine de personnages qu'il a su dessiner avec talent.

À ce propos, on rêverait de pouvoir jeter simultanément un coup d'œil dans les loges pour assister aux changements rapides des deux comédiens qui jouent tous les rôles « secondaires », tellement ces changements paraissent rapides et efficaces.

Bruno Fougniès

 

Les aventuriers de la cité Z

de Frédéric Bui Duy Minh, Cyril Gourbet et Aymeric de Nadaillac
Mise en scène Aymeric de Nadaillac
Collaboration artistique Alain Sachs
Costumes Martine Bourgeon
Scénographie Cyril Courbet
Dessins et animations Damien Garavagno

Avec : Sara Lepage, Cyril Gourbet, Aymeric de Nadaillac et Loïc Tréhin