LE VOCI DI DENTRO

MC 93
9 Bd Lénine
93000 Bobigny
01 41 60 72 72

Jusqu'au 19 janvier 2014, à 20h30.
Le dimanche à 15h30

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Mis en ligne le 18 janvier 2014

Le voci di dentro

 

Une journée apparemment ordinaire commence chez la famille Cimmaruta : on se réveille, on se raconte les cauchemars de la nuit, on s'habille, jusqu'à l'arrivée de deux voisins, Carlo et Alberto Saporito, des frères sans-le-sou qui viennent semer le trouble. Le premier profite allégrement de l'hospitalité des voisins tandis que le second, qui le rejoint peu après, se met à discuter avec les membres de la famille Cimmaruta. Ce début, haut en couleurs, avec des répliques qui fusent, est plein de vie mais s'assombrit lorsqu'Alberto présente les Cimmaruta comme coupables de l'assassinat d'un ami. Accusations, cris, arrestation, tous s'agitent jusqu'à ce qu'Alberto se mette à douter des ses propos: rêve ou réalité ? A partir de cette ambigüité – les preuves de tout cela existent-elles vraiment ? –, toute une intrigue se déroule sous nos yeux. C'est ce doute qui va animer la famille Cimarruta et mettre le voisin « dans le pétrin ». Chacun s'accuse, chacun propose une lecture de l'histoire.

Toni Servillo, que l'on connait pour ses grands rôles au cinéma dans Gomorra de Mateo Garrone ou dans La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino entre autres, signe la mise en scène et est applaudi dès son entrée en scène dans le rôle d'Alberto. Et pour cause : il l'illumine grâce à une gestuelle expressive à souhait et à un incroyable talent de conteur – irrésistible dans l'éloge de son activité favorite, « papariare », ou le fait de consacrer du temps aux petites choses.

Avoir choisi son propre frère, Peppe Servillo, pour jouer Carlo provoque immanquablement une symbiose entre les comédiens, qui est une des clés de la réussite de la pièce. Les quatorze acteurs tirent quasiment tous leur épingle du jeu, avec brio et énergie. Mention spéciale pour Gigio Morra dans le rôle du pathétique, naïf, et néanmoins touchant personnage de Pasquale Cimmaruta qui ignore ce que sa femme fait réellement à ses clients lorsqu'elle leur tire les cartes… Complicité, trahison, belle est la part faite aux émotions les plus variées, toujours avec un rythme soutenu propice à faire s'enchaîner les quiproquos.

Le voci di dentro (Les voix intérieures), de l'auteur napolitain Eduardo de Filippo, arrive, en partant d'une anecdote plutôt amusante, à toucher un point sensiblement plus profond et grave, notamment grâce à la présence d'un personnage que l'on peut considérer comme la clé de voûte de la pièce. Il s'agit de l'oncle des deux frères, Zi' Nicola, qu'on distingue à peine mais qui apporte - au propre comme au figuré - de la lumière, un regard plus critique et grinçant sur la société italienne de l'après-guerre (la pièce date de 1948). Lui qui a choisi de ne plus parler le langage des hommes semble refuser les mensonges qui ont envahi la société. Une société qui apparaît rongée par le ver qui était le protagoniste du cauchemar que racontait Maria la serveuse, au début de la pièce, et en laissait présager le dénouement.

Enfin, le voyage dans la théâtrale Naples est aussi réussi grâce au mélange du dialecte et de l'italien : c'est une bouffée d'exotisme à Bobigny et la salle bien remplie reste sous le charme.

Ivanne Galant

 

 

Le voci di dentro,

De Eduardo de Filippo
Mise en scène de Toni Servillo
Spectacle en italien surtitré en français

Avec :
Chiara Baffi : Maria, la serveuse
Antonello Cossia : un officier
Rocco Giordano: Capa d'Angelo
Lucia Mandarini : Matilde Cimmaruta
Gigio Morra : Pasquale Cimmaruta
Vincenzo Nemolato: Luigi Cimmaruta
Francesco Paglino: Aniello Amitrano
Betti Pedrazzi: Rosa
Marianna Robustelli: Elvira Cimmaruta
Maria Angela Robustelli: Teresa Amitrano
Marcello Romolo: Michele, le portier
Daghi Rondanini : Zi' Nicola
Peppe Servillo : Carlo Saporito
Toni Servillo : Alberto Saporito