LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ
Manufacture des Œillets
Théâtre des Quartiers d'Ivry
1 place Pierre Gosnat
94200 Ivry-sur-Seine
01 43 90 11 11
Jusqu’au 23 mai
Le Songe d’une nuit d’été, comédie légère en cinq actes en vers et en prose de William Shakespeare, écrite en1595, est une pièce complexe mêlant plusieurs intrigues et dont l’action se déroule entre Athènes et un bois avoisinant.
Pour y voir clair, un petit résumé s’impose.
Thésée, duc d’Athènes, s’apprête à célébrer ses noces avec Hyppolite, reine des Amazones, quand Égée vient le solliciter pour qu’il tranche la question du mariage de sa fille Hermia, qui refuse d’épouser Démétrius, le prétendant qu’il lui a choisi, car elle aime Lysandre.
Devant le verdict, se conformer à la décision de son père ou, soit mourir soit prendre le voile, la jeune fille décide de s’enfuir avec Lysandre pour se marier ailleurs, sous des cieux et des lois plus cléments.
Les deux amoureux se donnent rendez-vous la nuit dans la forêt, non sans en avoir informé Hélène, amie d’Hermia qui, elle, aime, sans être payée de retour, Démétrius, qu’elle met au courant dans l’espoir de se gagner ses faveurs.
Ce dernier, suivi par Hélène qui s’attache à ses pas comme un chien fidèle, se lance à la poursuite des fuyards.
Vous suivez ?
Donc, changement de lieu, nous voici dans la profondeur des bois où les quatre jeunes gens tentent de se frayer un chemin, se perdent, se cherchent, se repoussent.
Mais la forêt, la nuit, est habitée par des être surnaturels : fées, lutins, sylphes, sur lesquels règnent Obéron et son épouse Titania qui, bien que roi et reine des fées, ne s’en querellent pas moins comme des humains.
Et tout ce petit monde s’en donne à cœur joie pour faire régner dans la forêt une joyeuse confusion.
Mais ce n’est pas tout.
Pour corser l’intrigue, le dramaturge ajoute une mise en abyme. Une pièce à l’intérieur de la pièce.
Dans le même temps, en effet, un groupe d’artisans a décidé d’honorer leur duc et la nouvelle duchesse en jouant pour eux, lors des fêtes nuptiales, un drame racontant l’histoire tragique de Pyrame et Thisbé, amoureux légendaires de la mythologie grecque et romaine dont les amours contrariées ont d’ailleurs inspiré William Shakespeare, qui en a repris l’intrigue dans Roméo et Juliette.
Nul doute que cette version parodique qui nous fait tant rire dans Le Songe d’une nuit d’été est un clin d’œil amusé du grand William.
Avant de donner leur représentation à Athènes, la joyeuse troupe décide de se retrouver dans la forêt pour répéter en toute tranquillité.
C’est dire si la nuit va être mouvementée…
Guy Pierre Couleau, le metteur en scène, s’est emparé avec bonheur de ce conte fantastique et onirique aux allures de fable burlesque, faisant astucieusement cohabiter deux mondes, celui des hommes et celui des dieux, celui de la culture et celui de la nature, celui du naturel et celui du surnaturel.
Pour ce faire, il individualise très distinctement les deux espaces.
D’un côté la cité athénienne avec un plateau nu et des personnages en costumes contemporains, de l’autre la forêt, qui fait penser au Printemps de Botticelli, avec une scène jonchée de feuilles et de fleurs en crépon, et des personnages remarquablement habillés par Laurianne Scimemi, auxquels s’ajoutent les faisceaux lasers de Laurent Schneegans.
Un décor sobre, donc, dans la pure tradition du théâtre élisabéthain, mais particulièrement évocateur.
Une mise en scène dépouillée mais efficace.
La « fidélité » à l’esprit de la pièce semble respectée.
Guy Couleau a cependant choisi d’accentuer la « modernité » du côté rebelle des deux jeunes héroïnes qui osent affirmer leur désir.
« Je suis très touché par la grande liberté de la parole féminine dans cette pièce. Constantes dans leurs choix et dans leur sincérité, Héléna et Hermia font entendre une volonté d’accéder à leurs désirs très osée pour l’époque. », confie le metteur en scène.
Ainsi, les comédiennes adoptent un jeu viril, sportif, qui illustre certes le propos mais manque peut-être, parfois, de finesse.
Ce n’est qu’un détail qui ne vient assurément pas ternir la qualité de la représentation pour laquelle La Manufacture des Œillets, le nouveau lieu investi par le Théâtre des Quartiers d’Ivry, est un cadre parfaitement approprié.
Petite parenthèse : les œillets en question ne sont pas des fleurs mais des anneaux métalliques destinés à consolider les trous pratiqués dans du tissu ou du cuir pour y faire passer un lacet, un cordage.
Pour en revenir au sujet de la pièce, tout est bien qui finit bien.
Hermia épousera son Lysandre et Démétrius, grâce à un sortilège d’Obéron, s’éprendra d’Héléna.
Quant à la représentation, elle s’achève sous les applaudissements répétés des spectateurs. Elishéva
Elishéva Zonabend
Le Songe d’une nuit d’été
De William Shakespeare
Mise en scène : Guy Pierre Couleau
Traduction : Françoise Morvan - André Markowicz
Editions Les Solitaires Intempestifs
Assistante à la mise en scène : Carolina Pecheny
Scénographie : Elissa Bier
Costumes : Laurianne Scimemi
Assistée de : Blandine Gustin
Lumières : Laurent Schneegans
Musiques originales : Philippe Miller
Masques et maquillage : Kuno Schlegelmilch
Images vidéo : André Muller
Avec : Sébastien Amblard - Marlène Baulmont Clément Bertonneau - Pierre-Alain Chapuis - François Kergourlay - Anne Leguernec - José Mantilla Camacho – Adrien Michaux -Ruby Minard - Martin Nikonoff - Carolina Pecheny Achille Sauloup -Romaric Seguin - Rainer Sievert Jessica Vedel - Clémentine Verdier
Mis en ligne le 24 mai 2017