LE PRINCE TRAVESTI
Théâtre de l'Epée de Bois
Route du Champ de Manœuvre
75012 – PARIS
01 48 32 47 06
Jusqu’au 10 avril 2016.
Du mercredi au samedi à 20h30.
Samedi et dimanche à 16h00.
Relâche le 19 mars.
Une scène nue. Des miroirs déformants au fond et des personnages qui jouent, bandeaux sur les yeux, à cache-cache. Début prometteur pour une pièce de Marivaux, consacrée, comme pas mal d’autres, à l’illusion et aux faux-semblants. Ici, c’est un prince qui cache son état, pour mieux apprécier l’amour d’une femme qui lui est promise. Il y a donc une princesse et sa servante-confidente, nommée Hortense. La princesse a chargé Hortense de s’entremettre pour elle auprès du prince. Or, Hortense « mange la consigne ». Elle ne dit rien. Elle-même a été sauvée, auparavant, par un homme mystérieux qui n’a pas dit son nom et dont elle n’a pas vu le visage : tout est en place, la comédie peut commencer. Le mot « Comédie » est un peu exagéré, car si on rit à cette pièce, il y a un fond de gravité qui étonne chez l’auteur des « Fausses confidences ». Que le metteur en scène y ait vu un côté drame gothique… malgré de somptueux costumes, n’est donc pas si étonnant.
Il y aura aussi un personnage manipulateur et inquiétant (excellente prestation de William Mesguich) et le classique Arlequin, qui mettra son grain de sel pour débrouiller toute l’affaire. Mais Frédéric (l’âme damnée) a un maquillage qui semble sortir du « Rocky Horror Picture Show » et Arlequin, loin d’être filiforme et mobile, a les rondeurs de son interprète, Alexandre Levasseur. On voit par là, que Daniel Mesguich, casse les clichés, et tire sa mise en scène vers le cinéma. Pourquoi pas ? D’autant qu’il affirme, ici, « mettre en scène le théâtre ». C’est là que le bât blesse : nous avons droit en effet, au cours d’une même scène, à des « effets » qui soulignent tel ou tel mot. Une musique forte retentit, les éclairages changent et les comédiens enchaînent. Ce traitement « moderne », pour intéressant qu’il soit, gâte un peu le plaisir du jeu et du texte. On a l’air de souligner (voire de surligner) le sens, au détriment de l’émotion. Et c’est sans compter les X tracés par les déplacements des comédiens sur le plateau.
Était-ce bien nécessaire ? Oui, si l’on considère que cette pièce n’est pas la meilleure de Marivaux et que ce dépoussiérage, cette « tonicité » assumée la dope. Non, si l’on s’en tient à une approche plus classique.
Il reste un travail soigné, très fini, où les déplacements « signifiants » sont millimétrés, où les facéties d’Arlequin amusent… et où le jeu à fleur de peau de Sterenn Guirriec (Hortense) nous touche et nous transporte à la fois.
Gérard Noël
Le Prince travesti
Mise en scène : Daniel Mesguich.
Avec : Sarah Mesguich, Fabrice Lotou, Sterenn Guirriec, William Mesguich, Alexis Consolato.
Scénographie : Camille Ansquer. Costumes : Dominique Louis.
Son : Franck Berthoux.
Régie son : Xavier Launois.
Régie lumière : Florent Ferrier.
Maquillage : Eva Bouillaut.
Régie générale : Éric Pelladeau.
Mis en ligne le 16 mars 2016