Les déchargeurs
3, rue des Déchargeurs
75 001 Paris
Rés : 0892 70 12 28
Les lundis à 21 h 15 jusqu'au 27 février
Photo Gérard Marche
Israël Horovitz est un des auteurs américains les plus joués en France ; son théâtre de l’absurde, écrit d’une plume caustique et empreint d’un humour féroce, dépeint sans complaisance les travers de la société et des pauvres humains qui la composent, dans une langue riche, inventive et surréaliste.
« Le premier » en est un magnifique exemple. Cette pièce courte, (1h et quart) et brutale met pourtant en scène des situations extrêmement ludiques.
Cinq personnages, quatre hommes et une femme, Flemming, Stephen, Molly, Dolan et Arnall, font la queue pour on ne sait trop quelle raison, peut-être assister à un match. Ils vont essayer par tous les moyens d’être premier devant une symbolique ligne blanche. Ils sont tous des archétypes : un marginal allumé, un sportif un peu borné, une épouse volage, un mari pusillanime, et enfin l’homme d’affaires opportuniste.
Seul va alors compter ce désir fou d’être le premier de la file, de passer devant les autres, dans un instinct de survie et un esprit de compétition qui vont peu à peu contaminer l’un après l’autre tous les protagonistes. Pour y parvenir, ils seront prêts à toutes les séductions et à toutes les violences au prix de toutes les transgressions.
Sur un plateau nu qui ne permet aucune évasion au spectateur, les cinq comédiens, vont se livrer à une véritable performance. Dans une mise en scène violente et maîtrisée, les tensions vont peu à peu s’exacerber, allant crescendo jusqu’à un éclatement final d’une violence inouïe.
La musique tient une place importante, précisant les personnages, voire intervenant directement pour suggérer les scènes de sexe.
Cette comédie grinçante et percutante ne cesse de nous interroger : faut-il écraser son prochain pour exister ou simplement coexister avec l’autre au risque de perdre sa place ?
Question on ne peut plus d’actualité dans notre société actuelle individualisée à l’extrême, alors que la pièce a été écrite il y a environ une quarantaine d’années.
Nicole Bourbon
Le premier
Adaptation, traduction : Claude Roy
Mise en scène : Léa Marie-Saint Germain
Lumières : Sabrina Mokhlis
Avec : Pierre-Edouard Bellanca, Aurélien Gouas, Pierre Khorsand, Arnaud Perron, Nathalie Bernas et Léa Marie-Saint Germain (en alternance)
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