LE JOUEUR D'ÉCHECS |
Comédie Saint-Michel À bord d'un paquebot en partance pour l'Amérique du sud, un homme aperçoit le très inculte champion du monde d'échecs, Mirko Czentovic. Le passager nous raconte comment, désireux d'étudier ce personnage monomaniaque, il organisa une partie d'échecs, au cours de laquelle surgit un inconnu qui amena Czentovic à déclarer la partie nulle. Dés lors la curiosité du narrateur se reporte sur l'homme mystérieux, dont il va recueillir les surprenantes confidences... "Le joueur d'échecs", est une nouvelle de l'écrivain juif, autrichien, Stefan Zweig, publiée à titre posthume en 1943, écrite les derniers mois qui précédèrent son suicide. André Salzet en a fait une adaptation fidèle reposant sur une structure narrative dans un style concis, avec un rythme soutenu pour simuler le suspens d'une partie d'échecs, où l'esprit reste maître. André Salzet, formé à l'école Dullin, comédien et directeur de la compagnie Théâtre Carpe Diem, réalise ici un sans-faute, dans ce numéro de haute voltige, où seul en scène, il interprète les différents personnages, tel un caméléon. Jouant ce spectacle depuis plusieurs années, il en maîtrise les moindres mots, mais ce qui surprend, au-delà de la performance, c'est son humilité, désireux avant tout de se faire le messager de l'auteur. Yves Kerboul, qui a déjà dirigé André Salzet dans "Les trois soeurs" de Tchékov, signe une mise en scène basée sur une analyse fidèle du texte, guidant l'acteur vers un jeu précis et subtil. On peut considérer l'opposition entre Czentovic et l'étrange passager, comme l'affrontement de la force nazie et des valeurs culturelles humanistes et pacifistes de Stefan Zweig, qui désespéré par la montée et les victoires du nazisme, n'eut pas la force de survivre. Ce spectacle est certes à voir pour la qualité de linterprétation mais aussi car son propos reste encore de circonstance dans les temps actuels où une certaine vigilance s'impose.
Tanya Drouginska
Le joueur d'échecs De Stefan Zweig Adapté et interprété par André Salzet Mise en scène Yves Kerboul
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