LE JOUEUR D'ÉCHECS

Théâtre Rive gauche
6 rue de la Gaîté
75014 – PARIS
01 43 35 32 31

Jusqu'au 3 janvier 2015
Du mardi au samedi à 19h00
Matinée samedi à 17h00

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Mis en ligne le 25 septembre 2014

Des malles et des valises. Des cordages rouges. Des hublots. Des boiseries

D'entrée le décor nous emmène en voyage sur un de ces fameux transatlantiques.

Au centre du plateau, dans ce qui sera le fumoir, un échiquier.

Et puis Francis Huster entre en scène.

Et il va nous embarquer une heure durant dans l'univers de Zweig dont il va rendre chaque intention avec toute la palette de jeu qu'on lui connaît.

Il faut dire que Éric Emmanuel Schmitt lui a servi le texte sur un plateau, réalisant une très belle adaptation de la courte nouvelle de Zweig qui fut sa dernière œuvre – Elle fut d'ailleurs publiée à titre posthume –, la remaniant intelligemment, figurant Lotte la seconde épouse par une voix Off, coupant de ci, ajoutant de là, parsemant l'ensemble de réflexions de Zweig tirées d'autres ouvrages ou de sa vie même qui ajoutent encore de la profondeur au propos, jusqu'à obtenir un parfait objet théâtral.

Steve Suissa assure comme il en a l'habitude une mise en scène infiniment vivante dans une sobriété bienvenue.

Quant à Huster, que dire ? Brillant, puissant, grandiose, exceptionnel, éblouissant, entièrement au service du texte et de son personnage ou plutôt de ses personnages auxquels il donne une incroyable dimension. Et on les voit, Monsieur B, un autrichien emprisonné par la Gestapo, alternant retenue et moments de folie avec l'œil rond, le rictus aux lèvres et un débit saccadé ou Mirko Czentovic le champion d'échecs, « garçon au large front, apathique et taciturne » ou Mac Connor, « Trapu, la mâchoire carrée, les dents solides, il devait sans doute en partie la riche coloration de son teint à un goût prononcé pour le whisky. »

La nouvelle se terminait par la fin de la partie.

Éric Emmanuel Schmitt, lui, remet l'auteur au centre du jeu, le vrai Zweig, acculé au désespoir par la barbarie qui détruit son monde.

Et termine sur ce constat amer, désespéré et désespérant, qui prend une dimension dramatique avec ce que nous connaissons en ce moment : « Un homme seul ne peut pas lutter contre la folie des hommes ».

Nicole Bourbon

 

Le joueur d'échecs

d'après Stefan Zweig
Adaptation : Éric-Emmanuel Schmitt.
Mise en scène : Steve Suissa

Avec : Francis Huster

Scénographie (Décors) : Stéfanie Jarre, 
Lumières : Jacques Rouveyrollis,
Costumes : Pascale Bordet,
Création sonore : Maxime Richelme

 

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