La petite cave du théâtre de l'Essaïon est sans doute propice à retracer l'histoire d'un conflit intérieur entre une personne et un être fantôme qui semble faire partie d'elle. Le thème de la croissante folie mélangée à la paranoïa constitue l'axe de la nouvelle de Maupassant dont cette pièce est l'adaptation. Le texte est repris de manière fidèle mais la principale originalité réside dans son interprétation féminine, sans que cela n'ajoute ou ne retire quelque chose à la version originale. Quand arrive la nuit le personnage a peur et dort très peu car elle sent une présence dans sa chambre, une sorte d'esprit qui non seulement l'effraie mais boit le lait et l'eau qu'elle garde sur sa table de chevet. Mais quand le jour arrive et surtout que le voyage est possible (au Mont St Michel, à Paris, à Rouen), le personnage s'illumine, mais en vain, ses démons sont toujours plus forts.

Varenka Roland tente de s'approprier la folie de son personnage en passant de l'angoisse la plus profonde qui se lit aisément dans ses yeux à l'innocence enfantine en déployant toute son énergie pour interpréter ce texte, seule et sans jeu excessif. La mise en scène est sobre : quelques effets de lumière, de la musique souvent contemporaine, de rares accessoires dont une caméra sans doute pour donner une portée actuelle à la nouvelle de 1886.

Une façon agréable de redécouvrir ce texte classique même si nous pouvons regretter l'économie des moyens utilisés pour le faire revivre.

Ivanne Galant

Le Horla

Adapté d'une nouvelle de Maupassant

Mis en scène par Sébastien Cop

Avec
Varenka Roland

Collaboration artistique : Pascal Dufour et Eric Bouclet
Voix-off : Sébastien Cop
Montage sonore : Yann Loïc Bourgeois