LE GORILLE

Le Lucernaire
53, rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris
01 45 44 57 34

Jusqu’au 3 novembre 2019
Mardi au samedi à 21h, dimanche à 18h

 

Le Gorille loupePhoto © Adrien Lecouturier 

Pour les 50 ans du Lucernaire, Le Gorille d’Alejandro Jodorowsky avec son fils Brontis Jodorowsky revient, après dix ans de succès en France et à l’étranger. Sa présence au sein de cette belle programmation rappelle la nécessaire vocation du lieu depuis ses débuts : faire émerger des spectacles généreux, engagés et exigeants.

Mi-Gorille, mi-homme, Brontis Jodorowsky surgit, salue le public, le discours commence : Nous sommes les membres de l’Académie. Dans sa nouvelle « Rapport pour une académie », Kafka se moque de l’instrumentalisation de la connaissance et des conventions qui en découlent. L’académie est l’incarnation de cette bêtise et le réceptacle de la plaidoirie. Le tour de force des Jodorowsky est de nous transformer en cette institution. Une mise en abyme qui laisse la place à l’ambivalence – le public est l’accusé mais la catharsis s’opère. Comment ne pas s’identifier à l’animal-homme ?

Par l’intelligence du mime, le comédien nous fait vivre l’histoire de ce Gorille, depuis son arrachement de la forêt africaine, sa captivité, sa carrière dans le music-hall et son apogée dans l’hubris humaine. Kafka utilise cette métonymie pour montrer les vertus et les méandres de la culture qui a engendré une société désincarnée. Cette culture permet l’établissement d’une norme, un langage commun mais sa distorsion peut engendrer la volonté de pouvoir sur l’autre, son humiliation. Simplement, Brontis Jodorowsky, avec la souplesse de son corps, incarne cette soif sur l’autre, l’écrase physiquement de ses deux pieds. Sa magistrale maîtrise ne rend pas une figure caricaturale, seule l’apparente contradiction est montrée. Tout est là, la tension de nos propres pulsions et leur domestication, l’apparition soudaine de la brutalité animale.

Il est merveilleux de commencer un début de saison avec un tel objet qui nous situe à ce juste endroit tant recherché au théâtre. Cela insuffle une belle énergie qui restera longtemps dans l’esprit des spectateurs.

Alexandra Diaz

 

Le Gorille

D’après Franz Kakfa
Texte et mise en scène Alejandro Jodorowsky

Avec Brontis Jodorowsky

Production Lucernaire et la structure 

 

Mis en ligne le 10 septembre 2019