Aktéon théâtre
11 rue du général Blaise
75011 - Paris
01 43 38 74 62

Jusqu’au 7 février 2015 - 
le vendredi et samedi à 19h30 – Relâche le 19 décembre

 

 

Publié en 1959, The Caretaker (Le gardien) est le premier succès public d’Harold Pinter. Cette pièce fait partie des premières comédies dites de la menace qui s’inscrivent souvent dans un univers clos et banal... C’est ici le cas où tout se déroule dans la pièce unique d’une maison de banlieue londonienne entre deux frères, Aston et Mick, dont l’un est échappé d’un asile, et un vieillard sans abri, Davies. Tout l’intérêt va se jouer tour à tour dans l’affrontement, l’apprivoisement entre ces trois-là dont on ne sait lequel est le plus dangereux pour les deux autres.

Au bord d’une atmosphère donc menaçante et absurde, la mise en scène d’Anne Voutey rend tangible cette ambiance étouffante où l’humour (noir) n’est pourtant pas absent. On rentre donc en compassion avec ces trois solitudes où les silences pèsent lourd. La scénographie, sobre et efficace, est bien en adéquation avec le texte : lumières sombres et  blafardes à souhait, quelques éléments de décors évoquant une pièce avec matelas, chariot de magasin plein d’un bric à brac, un coffre. Des costumes ternes eux aussi.

Mais il fallait des comédiens à la hauteur de ces ambitions et la performance de jeu est aussi à saluer. Déjà en tournée depuis mai 2012, le spectacle est parfaitement rodé et les rouages  de la mécanique théâtrale bien huilés. Jacques Roussy, 80 ans ! on peut le dire comme un compliment, interprète le gardien avec force et charisme. Quelle énergie ! Les deux autres protagonistes, inquiétants, tout en violence tour à tour contenue et débridée, complètent ce trio psychologiquement pour le moins brisé ...

Pour finir, on craint une chute terrible mais Pinter a juste choisi de nous donner une tranche de vie de ces trois-là et le point final est remplacé par des points de suspension qu’Anne Voutey a choisi de présenter sous forme d’une vidéo.

On ressort donc de ce spectacle forcement bousculé comme tout bon théâtre devrait parvenir à le faire. Et ça fait du bien ...

Jean-Michel Beugnet

 

Le gardien

D'Harold Pinter
Traduction : Philipe Djian (L’Arche Editeur)
Mise en scène : Anne Voutey

Avec : Jacques Roussy, Patrick Alaguerateguy et Jean-Philippe Marie

Lumières : Anne Gayan
Création sonore : Philippe Le Goff

 

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