LE CORPS UTOPIQUE ou Il faut tuer le chien

Nouveau Théâtre de Montreuil
Salle Maria Casarès
63, rue Victor Hugo
93100 Montreuil
Tél : 01 48 70 48 90

Du 19 septembre au 29 septembre 2017, du 19 au 21 septembre et du 26 au 29 septembre à 20h00.
Samedi 23 septembre à 19h00 et dimanche 24 septembre à 17h00.
Relâche lundi 25 septembre.

 

Le Corps utopique loupePhoto © Martin Wagenhan

Au départ, il y a un petit texte de Michel Foucault, « Le Corps utopique ». Nikolaus, l’initiateur du projet prétend s’en être inspiré « a contrario » puisque, pour lui, le corps est « le contraire d’une utopie, il est le lieu absolu ». Autant dire que ce spectacle de cirque met le corps au centre de ses préoccupations. Dans un décor foutraque, fait d’échafaudages, on découvre d’abord une grande table de conférence qu’une secrétaire stricte finit d’installer. On verra entrer un punk, puis un général, enfin un vieil homme en noir, qui s’obstine à commencer un discours qui ne débouche sur rien. Bagarres, acrobaties, mais aussi bribes d’histoires et musique, tout est en place dès le début.

Le décor va peu à peu se simplifier et les personnages se dépouiller de leur apparence pour devenir les artistes qu’ils sont.  Il y a là un mélange de virtuosité et de naïveté, dans le fini des numéros, enchaînés par un semblant d’histoire, et le choix que chacun ait son moment, ou ses moments. Parfois, l’un(e) joue et les autres se retrouvent un peu spectateurs, mais la plupart du temps, tout est lié, musique, chute de moellons ou de gravats, variations sur les transformations du décor et travail circassien. Qu’en dire, sinon, qu’on est bluffé, souvent, tout en déplorant, parfois, quelques longueurs. Le tout fait une heure et demie, alors qu’un quart d’heure en moins n’aurait pas nui. En même temps, on comprend que cette durée joue sur un rythme variable, des moments intenses et d’autres moins, des moments de creux, où l’intérêt faiblit pour mieux repartir ensuite.

Brillant acrobate, Medhi Azema tient son personnage. En punk ou en chien, au mât chinois ou ailleurs, il est bluffant. Belle prestation également d’Ode Rosset qui renouvelle son personnage et sert un peu de lien entre les autres artistes. Rond et malicieux, Pierre Byland, une référence en matière de clown, est un conteur et musicien dont le métier et l’expérience sont invisibles : reste le plaisir d’être là, de conter ou de jouer du classique, placide, au milieu de l’agitation qui règne sur scène la plupart du temps. Nikolaus Holz, corps ascétique et technique impeccable, est énervé et grotesque sous sa défroque de général. Touchant en sous-vêtements. Impérial quand il se met, simplement à jongler avec une boule rouge qu’il apprivoise au point d’en faire absolument ce qu’il veut. Moment précieux, suspendu, où priment le corps et la fluidité du mouvement. La boule n’a qu’a bien se tenir et nous, redevenus enfants, nous sommes captivés.

Gérard Noël

 

Le Corps utopique ou Il faut tuer le chien

Une idée de Nikolaus Holz.
Mise en scène : Christian Lucas.
Scénographie : Raymond Sarti.
Création lumière : Hervé Gary.
Costumes : Fanny Mandonnet.
Création sonore : Michel Maurer.
Collaboration artistique : Aude Schmitter.
Constructeurs : Daniel Doumergue, Olivier Gauducheau.

Avec : Medhi Azema, Pierre Byland, Ode Rosset, Nikolaus.

 

Mis en ligne le 21 septembre 2017