LE CONTE D’HIVER
Pôle Culturel d’Alfortville
Parvis des Arts
94140 Alfortville
Tél 01 58 73 29 18
Le 17 janvier à 20h30
Voilà une version transposée en conte moderne de la trame écrite par Shakespeare. Avec une première partie montée avec les codes du grand banditisme et une deuxième partie plus innocente, ressourcée à l’imagerie bucolique, presque à l’eau de rose, une bluette comique.
Cela commence donc tragiquement : Léontes, roi de Sicile, foudroyé par la jalousie, décide de tuer le roi de Bohème, son ami d’enfance, d’emprisonner sa femme coupable à ses yeux d’adultère et d’abandonner à la voracité des animaux sauvage sa fille qui vient de naître, dont il croit n’être pas le géniteur. Bref, l’élaboration d’un massacre pour une lubie, le fruit d’un cerveau soudain pris de folie, de paranoïa aigüe.
Mais le massacre échoue pour une bonne part. Alors commence la féérie. Seize ans plus tard, les enfants des deux rois, ignorant leurs identités réciproques, tombent amoureux par le plus grand des hasards. Ils seront les vecteurs qui résoudront les remords du roi de Sicile, remords qui ont suivi sa folie meurtrière, et qui remettront de l’ordre dans ce monde, comme c’est la règle dans le théâtre shakespearien.
Le décor d’Hélène Terrasse nous fait voyager de Sicile en Bohème grâce à un dispositif de toiles blanches qui délimitent dans un premier temps les pièces du château de Léontes pour s’élever comme les voiles d’un navire et nous faire naviguer jusqu’en Bohème, dans la forêt où l’action se continue. Les éléments scéniques et les costumes viennent compléter l’illusion.
La mise en scène de Jean-Sébastien Oudin joue complètement avec les codes mafieux pour la première partie et les codes plus proches de la comédie champêtre dans la seconde. Il ne cherche pas à faire une unité de cette pièce si contrastée, mais assume les deux tons qui se succèdent. On y retrouve magnifiée l’habileté de Shakespeare à faire apparaître des scènes de pures comédies même dans ses tragédies les plus noires.
La présence au plateau d’interprètes musiciens apporte à certaines scènes de jolies sonorités magiques.
Le rythme du spectacle est cependant ralenti par une pesanteur un peu pathétique instillée dans l’interprétation du personnage de Léontes dont les affres et les douleurs de conscience sont encore accentuées par des images symboliques de souffrances qui reviennent régulièrement sans qu’on y croie.
Mais l’histoire est belle et les comédiens tiennent avec énergie et beaucoup de métier les différents personnages que chacun d’eux interprète.
Reste cette fin surprenante que chacun comprendra comme il veut.
Bruno Fougniès
Le conte d’hiver
Texte de William Shakespeare
traduction et adaptation de Jean Anouilh et Claude Vincent
Mise en scène Jean-Sébastien Oudin
Dramaturgie Cyril Ripoll
Compositeur John Cuny
Scénographe Hélène Terrasse
Costumier Augustin Rolland
Éclairagiste Armand Coutant
Avec :
Sophie Bonduelle – Pauline
Olivier Hamel – Polixène
Marc Lamigeon – Florizel et Archidamus
Julien Muller – Camillo et le Simplet
Jean-Sébastien Oudin – Antigonus et Le Berger
Caroline Piette – Hermione et Perdita
Cyril Ripoll – Léontes et Autolycus
Mis en ligne le 26 janvier 2015