LE COMTE DE MONTE-CRISTO
Théâtre Essaion
6, rue Pierre au lard
75004 Paris
01 42 78 68 42
Jusqu’au 13 Février 2016
Les samedis à 17h30.
Trois comédiens nous accueillent en nous donnant les indices d’un jeu de mémoire. Les clés en sont des dates, de 1815 à 1838, il faudra s’en souvenir…
Voyons, 1838 ? Extinctions des lumières et musique tumultueuse, nous nous retrouvons au château d’If, nous sommes au large de Marseille, directement plongés dans l’ambiance authentique et sombre d’un cachot aux murs de vieilles pierres. Un homme mystérieux y rôde, étrange visiteur, guidé par le gardien des lieux qui va lui raconter l’histoire du dernier prisonnier de la geôle, un certain Edmond Dantès, seul à avoir réussi à s’évader en prenant la place du corps de son codétenu décédé dans le sac jeté à la mer par les geôliers. Au bout de quelques flash backs et retours dans le passé, nous commençons à deviner que cet homme mystérieux est Dantès, qui avait, à 19 ans, été victime d’un terrible complot : injustement accusé de bonapartisme, il fût arraché à sa fiancée Mercédès et emprisonné sans avoir la possibilité de se défendre devant la justice. Au cours de 14 années de détention, aidé et instruit par l’abbé Faria, son compagnon de captivité, il prend petit à petit conscience qu’il a fait les frais des jalousies et bassesses de Danglars, Fernand et de Villfort. Dès lors, Edmond Dantès ne songera plus qu’à se faire justice et à assouvir sa vengeance en revenant à la vie sociale sous l’identité du comte de Monte-Cristo…
Haletants, nous suivons les reflets de sa passion ténébreuse dans les labyrinthes de l’aventure, grâce à ce trio de comédiens de haute voltige théâtrale, qui assure chaque intention, chaque transition. Ils sont formidables, fascinants d’adresse et d’habilité en changeant de personnage simplement en retournant leurs longs et beaux manteaux-capes. C’est astucieux, audacieux et très efficace.
Le charismatique Franck Etenna est Monte-Cristo dans toute sa splendeur, élégant et inquiétant, habité par les souffrances et les déchirures de son destin dramatique... mais il est aussi Faria, de Villfort ou Danglars.
Véronique Boutonnet non seulement signe cette adaptation claire, magistrale, du roman d’Alexandre Dumas, mais en plus elle joue, tour à tour, absolument tous les rôles avec une grande justesse dans le dramatique, comme dans le comique. C’est plutôt bluffant, mais comment fait-elle ?
Luca Lomazzi est parfait en abbé érudit à l’accent italien, mais il devient parfois Edmond Dantès même, ou un malfrat, ou un Danglars machiavélique, ou encore un vieux médecin fourbe.
La mise en scène moderne, cinématographique, et les lumières millimétrées de Richard Arselin fonctionnent à merveille et habillent si bien l’ensemble, qu’il n’est besoin de nul décor. L’harmonie esthétique et concrète de la régie avec l’action est aussi une réussite, car elle permet la bonne compréhension de la pièce, pourtant complexe.
Que dire d’autre… sinon chapeau bas pour cette excellente prestation qui nous incite à relire le Comte de Monte-Cristo illico presto !
Luana Kim
Le Comte de Monte-Cristo
De : Alexandre Dumas
Adaptation : Véronique Boutonnet
Avec : Véronique Boutonnet, Franck Etenna, Luca Lomazzi
Mise en scène & lumières : Richard Arselin
Costumes : Les Vertugadins
Compagnie Les Âmes Libres
Mis en ligne le 4 novembre2015