La Manufacture des Œillets
1 place Pierre Gosnat
94200 Ivry-sur-Seine
Réservation 01 43 90 11 11

Jusqu’au 14 avril
mardi, mercredi, vendredi à 20h,
jeudi à 19h,
samedi à 18h,
dimanche à 16h

 

 

Chimène et Rodrigue s'aiment. Pour venger son père, il tue le Comte de Gormas, le père de Chimène. Tous deux sont partagés entre l'honneur et l'amour, dilemme cornélien. La pièce jouée pour la première fois en 1637 a suscité à sa création une vive polémique, la "Querelle du Cid" qui divisa les esprits littéraires en deux camps. 

« [...] Au nom d'un père mort, ou de notre amitié, 
Punis-moi par vengeance, ou du moins par pitié.
Ton malheureux amant aura bien moins de peine 
A mourir par ta main qu'à vivre avec ta haine. 

Va, je ne te hais point. »

Ces vers de Pierre Corneille sont devenus canoniques. Les spectateurs ont un véritable plaisir à les redécouvrir. La diction parfaite et la justesse des comédiens nous offrent ce plaisir que nous recevons sans peine. À l'ère de l'adaptation et du dépoussiérage littéraire, nous sommes parfois las du résultat artistique, souvent creux. Yves Beaunesne a souhaité nous livrer le texte en alexandrins afin de nous en révéler sa modernité. « La modernité du théâtre français passe par des retrouvailles avec son passé, son avenir commence là où il cesse d'oublier le passé » affirme-t-il. 

Le costume et le décor aux influences mudéjares nous replongent dans le Royaume de Castille. Les superbes intermèdes musicaux chantés par les comédiens nous bercent et nous permettent de demeurer disponibles, à l'écoute du texte. Les comédiens ne récitent pas, vivent véritablement cette passion, ce désespoir, l'honneur, le devoir. Toutefois, Chimène aurait pu être plus tragique encore tandis que les mimiques clownesques du roi décrédibilisent le personnage. Le jeu est subtil, pourtant. Lorsque Don Sanche tente de duper Chimène afin qu'elle révèle son amour, Elvire, sa Gouvernante tente de dissimuler son amusement – le spectateur comprend que Don Sanche joue la comédie et que Don Rodrigue n'est pas mort. Cette finesse rend un bel hommage au théâtre classique qui ne montre pas pour mieux dire. 
Le passé n'est pas un asservissement mais un moyen de se révéler au présent. Merci Yves Beaunesne, merci Corneille. 

Alexandra Diaz

 

Le Cid

Mise en scène Yves Beaunesne
Dramaturgie Marion Bernède
Assistanat à la mise en scène Marie Clavaguera-Pratx et Pauline Buffet
Scénographie Damien Caille-Perret
Lumières Marie-Christine Soma
Création musicale Camille Rocailleux
Costumes Jean-Daniel Vuillermoz
Maquillages Catherine Saint-Sever

Avec 
Éric Challier
Thomas Condemine
Jean-Claude Drouot
Eva Hernandez
Antoine Laudet
Fabienne Lucchetti
Maximin Marchand
Julien Roy
Marine Sylf
Zoé Schellenberg

Production La Comédie Poitou-Charentes – Centre Dramatique National
Coproduction Le Théâtre de Liège, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Le Théâtre d’Angoulême.