Nous voici transportés dans une épopée située vers le XIème siècle, dans le Languedoc, à Byzance puis à Jérusalem, à la rencontre de l'Orient et de l'Occident, du sacré et du profane. Le chevalier chrétien Mirtus rejoint la cour de l'autocrate Théopompe III à Byzance, rencontre un Christ résigné qui retourne sur la croix, puis accomplit son destin malgré lui.

Une nouvelle fois, Marcel Maréchal met donc en scène Le Cavalier seul qu'il a créé il y a plus de cinquante ans, qu'il connaît sur le bout des doigts et avec lequel il entretient une relation très forte, intime, presque identitaire. C'est lui qui tient à bout de bras la pièce d'Audiberti au sein de laquelle il évolue comme un poisson dans l'eau, notamment quand elle épouse le registre du comique dans un deuxième acte qui rappelle le Bourgeois gentilhomme.

Le Cavalier seul, en effet, tourne beaucoup en dérision : le pouvoir politique, l'hypocrisie religieuse et même les illusions de l'amour, avant que la dimension plus ou moins mystique du troisième acte ne reprenne le dessus. L'audace de sa langue ne cesse de surprendre, mais sa force de contestation apparaît aujourd'hui d'autant plus datée que les décors, les costumes et la musique un peu kitsch alourdissent un propos foisonnant au point d'apparaître souvent confus.

Certes, aux côtés de Marcel Maréchal, Antony Cochin et Emmanuel Dechartre réussissent, dans une distribution inégale, à trouver le ton juste et ainsi à donner de l'épaisseur à leurs personnages. Mais cela suffira-t-il à émouvoir les spectateurs ?

Frédéric Manzini

 

Le Cavalier seul

de Jacques Audiberti
Mise en scène de Marcel Maréchal
Assisté d'Antony Cochin

Dramaturgie François Bourgeat
Collaboration artistique Michel Demiautte
Musique François Fayt
Toile peinte et costumes Jacques Angéniol
Scénographie Thierry Good
Lumières Jean-Luc Chanonat

Avec : Marina Vlady, Marcel Maréchal, Emmanuel Dechartre, Antony Cochin, Michel Demiautte, Nassim Haddouche, Mathias Maréchal, Céline Martin Sisteron, Julian Peres.