LE BONHEUR DES DAMES

Vingtième Théâtre
7, rue des Plâtrières
75020 Paris
Tél. 01 43 66 01 13
Jusqu'au 30 novembre
Du jeudi au samedi à 19h30
Le dimanche à 15h00

 

Le bonheur des dames

 

Florence Camoin n’en est pas à son coup d’essai puisqu’elle écrivit il y a quelques années une adaptation théâtrale de l’histoire de Vauban. Elle s’attaque maintenant à une transposition pour la scène du célèbre roman d’Émile Zola, Au bonheur des dames, onzième volume sur les vingt que compte l’ensemble des Rougon-Macquart.

Pas facile de réduire à 1h30 cette fresque sociale monumentale, ce texte foisonnant aux multiples lieux et personnages qu’a immortalisés le prolixe écrivain tout en en conservant la force et la puissance évocatrice.

Florence, également directrice artistique du théâtre de Saint-Maur, c’est dire si elle connaît le métier, a intelligemment tranché, élagué, recentré l’action sur l’histoire d’amour entre 0ctave Mouret et Denise Baudu. Tout en évoquant habilement au passage avec une grande subtilité ce qui donne tout son sens à l’œuvre, la création des grands magasins – on ne disait pas encore grandes surfaces – aux dépens des petits commerces, lutte qui n’a fait que s’intensifier depuis, l’émancipation des femmes, les changements de mentalité, l’émergence des droits sociaux et les premières techniques de « marketing ».

Y figurent quelques unes des grandes figures du livre, tant dans les petits commerçants que chez les vendeuses et employés ou les clientes, certains personnages se retrouvant être un mélange bien vu de plusieurs.

On se retrouve grâce à la mise en scène vivante, fluide et soignée, à des décors élégants et astucieux qui permettent facilement et rapidement de situer l’action avec des projections de vidéos très impressionnistes, et à de somptueux costumes, tout à fait dans l’univers de cette fin de XIXème siècle avec le choix judicieux la musique d’Offenbach pour séparer les séquences et quelques chansons réalistes.

Alexis Moncorgé – Si ce nom vous dit quelque chose c’est que le comédien n’est autre que le petit-fils du célèbre Jean Gabin – Alexis donc incarne un Octave Mouret très attachant et sûrement tel que le souhaitait Zola : « beau garçon, séducteur, élégant, éloquent, (...) [possédant] imagination, fantaisie, une tête foisonnante d'idées, mais aussi pleine de logique et de raison, une intelligence vive et pratique », arrogant et sûr de lui au début, séduisant en diable, il devient peu à peu passionné, amoureux désespéré, homme de cœur enfin sous l’influence de Denise.

Cette dernière est interprétée avec justesse, sincérité et beaucoup d’émotion par Olivia Demorge, « Je veux celle-ci maigrichonne, timide, pas belle mais avec du charme, taillée, presque ahurie, écrasée, puis, peu à peu, je la développe au milieu de l'élégance du magasin, elle se fait alors le caractère qui apparaît posé, sage, pratique » écrivait Zola.

Voilà un spectacle intéressant à plus d’un titre, une véritable plongée dans le passé mais qui présente une grande résonnance avec notre époque et cette lutte éternelle des petits contre les grands. Du cousu main, un tricotage au maillage serré, de la fine dentelle.

Nicole Bourbon

 

Le bonheur des dames

 

Le bonheur des dames

D’après Émile Zola
Écriture et mise en scène Florence Camoin

Avec : Avec Alexis Moncorgé, Olivia Demorge, Olivier Hermel, Anna Strelva, Laurent Feuillebois, Caroline Darnay, Sylvie Guermont, Claire Faurot, Alain Lawrence, Xavier Giras, Sarah Bloch et Pierre-Marie de Lengaigne

Création des costumes : Élisabeth de Sauverzac
Création vidéo : Christophe Guillermet
Effets lumières et photos : Anne Gayan
Décors : Philippe Blanc.

 

 

Mis en ligne le 8 novembre 2014

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