Cela se passe dans la bourgeoisie huppée du 7ième arrondissement : lui est un chirurgien réputé, elle est férue d'art et tient une galerie contemporaine, ils ont deux enfants, une fille qui a quitté la maison et un fils incertain de sa carrière future, violoniste à ses heures. Bref, une vie réussie comme on dit, un train de vie qui va avec, le bonheur.

Pourtant, quelque chose s'est comme fêlé dans cette famille merveilleuse. La belle harmonie a éclaté cinq ans auparavant. À l'époque, le père a pris la direction de la clinique. Ce fut une lutte pour obtenir cette direction, une lutte qui commença à dégrader son caractère et le faire sombrer peu à peu dans une longue dépression. De père et mari protecteur, celui-ci est devenu tyran et tourmenteur.

La pièce commence au moment où la famille est sur le point d'éclater totalement. C'est alors qu'arrive l'accident. Un bête accident de voiture qui plonge le père dans un coma profond durant plusieurs heures.

La pièce s'inspire des étranges témoignages recueillis auprès de personnes « revenues » d'un coma ou d'un état de mort momentanée (arrêts cardiaque ou autre), de ces témoignages qui racontent l'étrange voyage que ces personnes ont l'impression d'avoir fait durant cette perte de conscience. On connaît tous ces histoires de tunnel de lumières, de sensation de plénitude, de vision du corps comme si la conscience s'en était détachée et le survolait…

Le texte de Ode Pactat-Didier fait subir cette expérience extrême au héros de sa pièce. Au sortir du coma, celui-ci est métamorphosé : de tyran imbuvable, violent et intolérant, il devient un être éblouissant de gentillesses, de regrets et d'amour. La pièce raconte comment ses proches acceptent ce bouleversement de personnalité et l'incrédulité avec laquelle ils accueillent le témoignage légèrement mystique de ce père qui vient de passer d'un coup du pragmatisme le plus absolu à une sorte d'angélisme purificateur.

La mise en scène de Henri Lazarini est sobre et efficace dans un décor réaliste d'appartement bourgeois où les cinq comédiens tiennent bien leur rôle avec un réalisme absolu. Un réalisme bouleversé par ce phénomène étrange et inexplicable qu'est cette NDE ((Near Death Experience).

Bruno Fougniès

 

L'autre versant de la vie

Auteur Ode Pactat-Didier
Mise en scène Henri Lazarini
Musiques Philippe Renault-Rossi

Avec Bertrand Altmann, Françoise Carriere, Pierre-Thomas Jourdan, Éloïse Bellay, Gilles Gourmelen