Théâtre de Nesle
6, rue de Nesle
75006 PARIS
Tél : 01 46 34 61 04

Jusqu'au 6 décembre
Du jeudi au samedi à 21h00 ou 19h00

Symphonie en rouge : tentures et tapis entourent comme un écrin flamboyant une jeune femme étendue sur le sol, vêtue d’une simple nuisette. Rouge également. Rouge, la couleur de la passion, la couleur de la vie, la couleur du luxe et de la luxure, la couleur du sang.

Et à côté d’elle un téléphone de bakélite.

On est en 1930, ce sont les débuts de cet appareil qui va changer complètement la communication.

Et qui épargne des face à face difficiles et douloureux. Comme dans le cas d’une rupture.

Dernier lien entre un homme et une femme trahie puisque « demain il se marie ».

Et dernière conversation parasitée car en ces temps là la demoiselle des téléphones pouvait écouter ainsi que d’autres personnes qui se trouvaient accidentellement sur la ligne.

Et ça intervenait Et ça coupait. Rendant encore plus pénible un échange qui l’est déjà bien suffisamment.

Sonia El Houmani, toute en retenue, nous fait partager ses sentiments sans pathos, sans cris inutiles, mais avec quelle ardeur ! Elle se livre entièrement à cette passion destructrice, essayant tout d’abord de rester droite et digne puis s’effondrant peu à peu alors que la fin inéluctable approche.

Sans effets superflus, avec une grande justesse, elle crée un climat tragique d’une grande émotion jusqu’au « je t’aime » final jeté comme un ultime cri au moment où l’homme raccroche.

Un jeu moderne pour une œuvre intemporelle. Comme l’amour.

Une pièce de chair et de douleur, magnifiquement mise en scène par Bernard Belin et interprétée et qui mérite mieux que les quelques spectateurs présents.

Nicole Bourbon

La voix humaine

De Jean Cocteau
Mise en scène : Bernard Belin

Avec : Sonia El Houmani