LA RIVIÈRE
Comédie des Champs Élysées
15, av Montaigne
75008 PARIS
01 53 23 99 19
Jusqu’au 19 mars
Du mardi au samedi à 20h30
Matinée samedi à 16h00
Le dimanche 13 mars à 20h30
Relâche les 9 et 11 mars
Sur le plateau, derrière un voile, une cabane au milieu des bois, des troncs d’arbre tordus, un filet de pêche qui surplombe le tout, et au milieu, coule une rivière, paisible. Beau décor signé Jacques GabeL auquel les vidéos de Pierre Nouvel apportent un relief et une atmosphère réservés jusqu’ici plutôt au cinéma.
Impression de paix, paysage bucolique.
Mais comme chacun sait, les eux calmes peuvent être traîtresses et cacher de sombres tourbillons qui emmènent le promeneur confiant dans ses fonds bourbeux.
C’est ce qui ne va pas manquer de se produire pour le spectateur qui va peu à peu se perdre dans les méandres de l’esprit torturé d’un homme, soigneusement dessinés par l’auteur Jez Butterworth et parfaitement mis en relief par Jérémie Lippmann. Ce dernier, comme dans « La Vénus à la fourrure » où il dirigeait déjà Nicolas Briançon, assure une mise en scène où on retrouve sa signature toute en élégance, précision et sensualité, où chaque détail est soigneusement pensé, des éclairages tout en subtilité de Joël Hourbeigt à la musique accrocheuse de Christophe Julien et ce chant qui rythme l’histoire comme un leit motiv, avec cette belle idée d’un quatrième personnage perdu parmi nous, comme un fil auquel se raccrocher pour nous empêcher de sombrer.
Et pas d’autre solution pour le spectateur que de se laisser porter par les flots tumultueux de cette histoire, celui qui s’aventurerait à contre courant risque fort de couler.
Car c’est un spectacle plutôt déstabilisant qui nous est ici proposé, où le temps s’altère, où tout est tellement suggéré que chacun peut comprendre ce qu’il veut, un spectacle qu’on adore ou qu’on déteste, en tout cas extrêmement intéressant, porté par le jeu d’un Nicolas Briançon bourru, tendre, misogyne et énigmatique et de deux comédiennes troublantes, Emma de Caunes et Anne Charrier qui trouve là un de ses plus beaux rôles.
À la sortie, les conversations vont bon train, chacun défendant avec véhémence son point de vue, en tout cas, c’est évident, personne n’en sort indifférent.
Nicole Bourbon
La Rivière
de Jez Butterworth adaptation Pierre Grillet
Mise en scène de Jérémie Lippmann
Assistante à la mise en scène : Aurélie Bouix
Avec Nicolas Briançon, Anne Charrier, Emma De Caunes, Clara Huet
Décors : Jacques GabeL
Lumières : Joël Hourbeigt
Costumes : Colombe Lauriot-Prevost
Musique : Christophe Julien
Vidéos Pierre Nouvel
Mis en ligne le 24 février 2016