LA NUIT SE LÈVE
Théâtre Paris Villette
211 avenue Jean Jaurès,
75019 Paris
Tél : 01 40 03 72 23
Jusqu’au 1er février 2025.
Mardi, mercredi, jeudi et samedi à 20h, vendredi 19h,
Photo : Nicolas Echeynne – Chaprod
Elles sont cinq sur scène. Cinq jeunes comédiennes. La scénographie très soignée laisse imaginer, côté gauche, une salle commune qui peut être une salle à manger, un réfectoire. Côté droit, un extérieur fermé par une véranda donnant l’impression d’un jardin. Dans ces décors, les cinq personnages vont faire en sorte que le voile de la nuit se lève sur l’un des tabous les plus hermétiques, les plus enfermés et les plus répandus dans les replis des mémoires familiales : l’inceste.
Mais il est surtout question des suites, des conséquences, des dommages faits aux individus, à leur inconscient. Cet endroit, ce réfectoire, ce jardin, cette véranda, est le décor de l’institution psychiatrique qui héberge pour un temps trois pensionnaires atteintes de différents troubles du comportement : des excès, des mutismes, des tentatives de suicides, toutes sortes de handicaps violents à vivre en société dont les germes sont difficiles à découvrir pour les psychiatres en charge de ces patientes car ces germes sont si bien enfouis dans les cerveaux qu’ils sont indécelables même pour les patientes elles-mêmes.
Elles ont toutes été victimes d’incestes. La sœur de l’une d’entre elle qui apparaît par la suite également. Elles n’en sont pas moins extrêmement vivantes, tumultueuses, exubérantes. C’est l’extraordinaire force de cette pièce écrite par Mélissa Zehner. Illuminant la noirceur du propos par des situations énergiques et des personnages aux tempéraments fulgurants, texte et mise en scène font de ce spectacle une ode à la vie et à joie.
Les émotions portées par les cinq comédiennes semblent être démultipliées par le beau, le bien, le vivifiant des personnages qu’elles incarnent. La détermination qu’elles déploient pour défendre ces personnages leur donne une énergie farouche, fascinante, remuante. La pièce construite en chapitres dédiés donnera à chacune l’espace pour jeter de la lumière sur le secret qui a violenté leur enfance. L’oblitération du souvenir par la violence sera parfois transpercée, vaincue.
Le spectacle utilise également la musique live ou enregistrée, une bande son qui ouvre des espaces sonores qui renforcent les différentes espaces de jeu, une présence régulière d’air connus qui donne un contexte actuel au sujet. Un sujet qui est explicitement exposé par le cinquième personnage, une interne stagiaire en psychiatrie qui intervient pour traquer les ténèbres des troubles de ses patientes mais également pour exposer les constats glaçants du nombre énorme d’enfants victimes de ces violences.
La Nuit se Lève parvient à faire fuir les peurs qui protègent les coupables incestueux en mettant en scène la joie et la libération ressenties lorsque les enfants parviennent à briser ce silence qui les tuent.
Bruno Fougniès
La Nuit se lève
Texte Mélissa Zehner
Mise en scène Mélissa Zehner et Les Palpitantes assistées d’Eva Kirsch
Jeu : Laure Barida, Sara Charrier, Vinora Epp, Maud Gripon, Mélissa Zehner
Dramaturgie, œil extérieur Clara Bonnet
Soutien dramaturgique, mise en scène Maud Gripon, Sara Charrier
Soutien à la direction d’actrices et oeil complice saison 23-24 Christelle Simonin
Regard extérieur et direction d’actrices saison 24-25 Marie Menechi
Collaboration artistique Laure Barida, Vinora Epp, Malou Rivoallan
Composition musicale Malou Rivoallan
Scénographie Loana Meunier assistée de Valentine Aubin
Costumes Malaury Flamand
Création lumière Lou Morel
Régie lumière Lou Morel, Carole China
Son, musiques additionnelles Joan Cambon
Régisseur son Lucas Lartaud
Régie plateau Kayla Krog, Loana Meunier
Coach rap Pierre Laloge
Construction du décor Atelier de construction du théâtredelacité CDN Toulouse – Occitanie
Mis en ligne le 28 janvier 2025
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