Théâtre de Poche
75 boulevard du Montparnasse
75006 Paris
01.45.44.50.21

Jusqu’au 30 novembre
Du mardi au samedi à 21h.
le dimanche à 17h30.

 

 Photo © Pascal Gely

À Saint-Louis, dans les années 1930, Amanda, Tom et Laura tentent tant bien que mal de joindre les deux bouts. Amanda, la mère, est souvent envahie d’une profonde nostalgie : elle ne cesse de raconter l’épisode des dix-sept galants qui se pressèrent à sa porte pour lui demander sa main alors qu’elle était dans le plus bel âge. Mais elle ne dut pas choisir le bon galant car celui-ci se volatilisa rapidement, la laissant avec deux enfants exceptionnels. Tom, travaille dans un entrepôt mais la chaussure continentale ne l’excite pas beaucoup : dès qu’il peut, il s’évade, boit, écrit des poésies, va au cinéma. Laura, la sœur, est un personnage empreint de poésie, « différent », comme il le sera répété souvent dans la pièce. Infirme, elle est d’une grande timidité et préfère rêver en jouant avec de petits animaux de verre qu’elle affectionne et collectionne.

Cristiana Reali campe une mère castratrice qui ne cesse de s’inquiéter pour l’avenir de ses enfants : elle a peur que Tom ne devienne un ivrogne et que Laura ne reste vieille fille. On ne quitte jamais le salon, ce qui renforce l’ambiance pesante imposée par la mère. Les comédiens parviennent admirablement à jouer une sorte d’entre deux, en étant sur le fil, entre la colère, l’exaspération et le recul pour le fils qui est aussi le narrateur, entre la fantaisie et le désespoir pour la mère, entre un monde rêvé et la réalité pour la sœur. Le trio de comédiens est convaincant, la grâce de Laura (Ophélia Kolb) côtoie l’agacement de Tom (Charles Templon), le tout sous le joug d’une Amanda qui les aime d’une manière exaspérante.

Tout bascule quand un galant fringant vient dîner, invité par Tom à la demande de la mère qui joue les entremetteuses pour Laura. Son regard extérieur pointe encore plus du doigt les failles et fragilités des Wingfield.

Cette histoire fait partie de la mémoire de Tom, une mémoire tout en musique comme il sied aux souvenirs, dit-il. Et pour les recréer, la mise en scène utilise des procédés audiovisuels qui apporte de la poésie et de la fantaisie à une histoire bien sombre : la photographie qui s’anime, la mise en scène d’une scène de dispute grâce à l’insertion d’un générique de cinéma, la présence de titres aux « chapitres » de l’histoire ainsi que tout un jeu d’ombre et de lumière qui illustre bien les non-dits et les malaises.

Il s’agit d’un thème intime, la pièce étant profondément autobiographique : Tom n’est autre que Tennessee Williams et Laura, Rose sa sœur schizophrène, internée puis lobotomisée. Toutefois, ce spectacle évoque une question fondamentale qui touche à la famille, à ce qui nous lie, à ce que cela comprend de sacrifice, de composition entre les attaches qu’elle suppose et les envies qui nous sont propres.

Ivanne Galant

 

La Ménagerie de verre

Un texte de Tennessee Williams
Traduction : Isabelle Famchon

Avec : Cristiana Reali, Ophelia Kolb, Charles Templon, Félix Beaupérin

Décors : Jean-Michel Adam
Vidéos et magie : Romain Lalire
Création musicale : Vadim Sher
Lumières :François Loiseau
Chorégraphie : Alma de Villalobos Assistante à la mise en scène :Pauline Devinat
Accessoiristes et assistantes décors : Julie Mahieu et Anaïs Souquet
Menuiseries :Marcel Rondelez