LA MAISON DE BERNARDA ALBA
Théâtre des Bouffes du Nord
37 bis boulevard de la Chapelle
75010 Paris
01 46 07 33 00
Du mardi au samedi à 20h30
Jusqu’au 15 février 2014
© 2013 Mani Muller
Bernarda Alba est cette mère terrifiante et cruelle qui détourne la morale religieuse à son profit et utilise le deuil de son mari pour mieux garder ses cinq filles sous sa coupe tyrannique.
Séquestrées dans leur univers exclusivement féminin, étouffées par la crainte de regard des autres, frustrées de désirs inassouvis, les cinq soeurs acceptent tant bien que mal leur oppression et enfouissent au fond d’elles leur désir de liberté… sauf la cadette, Adela, dont la féminité ose s’exprimer et donne à l’amour l’audace de transgresser toutes les règles, quitte à les faire imploser.
Le personnage central de la pièce est la maison. Plutôt que de figurer le confinement carcéral qu’elle impose, la mise en scène de Carole Lang nous montre ce qui ressemble davantage à une terrasse d’été. Ses murs sont ici quelques grandes persiennes en bois qui autorisent les bruits à filtrer et les regards indiscrets à entrevoir ce qui ne devrait pas être vu. En son sein, Sylvie Jobert campe une Bernarda Alba claudiquante, physiquement malade, sèche et sévère à souhait, à laquelle répond l’Adela de Bach-Lan Lê-Bà Thi, qui sait revendiquer la liberté et le droit d’aimer. Mais le parti pris le plus déconcertant vient du choix de faire interpréter Angustias, l’aînée, celle qui est désignée comme la vilaine, la « poilue », par un homme, en l’occurrence Jérôme Varanfrain. Si l’idée est intéressante, le résultat n’est pas convaincant tant le personnage, avec ses fards, sa perruque et son décalage plein d’embarras, suscite plus le sentiment de ridicule que celui de compassion dans l’esprit du spectateur. Quelques rires s’élèvent d’ailleurs dans le public – de même que lors de chacune des apparitions de la grand-mère Maria Josepha, dans une certaine indifférence – et l’on finit par se demander si l’on n’est pas hors sujet.
Frédéric Manzini
La Maison de Bernarda Alba
De Federico García Lorca
Traduction et adaptation : Mani Müller
Mise en scène : Carole Lorang
assistée de Francis Schmit
Musique originale : Franz Leander Klee et Florian Appel
Scénographie & costumes : Peggy Wurth
Lumières : Nicolas Boudier
Avec Sylvie Jobert (Bernarda Alba), Bach-Lan Lê-Bà Thi (Adela), Rita Reis (Martirio), Jérôme Varanfrain (Angustias), Anne Lévy (Poncia), Nina Ros (Olga), Véronique Nosbaum (Maria Josefa) et Renelde Pierlot (Magdalena).