LA LOUVE
Théâtre La Bruyère
5 rue La Bruyère
75009 - Paris
01.48.74.76.99
Jusqu’au 4 décembre
Du mardi au samedi à 21h00
Matinée samedi à 16h00, dimanche à 15h30
François 1er est attaché dans notre mémoire collective à 1515, bataille de Marignan. Peu savent que cette année là marqua également son couronnement, le 25 janvier. On a aussi le souvenir du célèbre portrait réalisé par Jean Couet, belle prestance, épaules larges dans son pourpoint de brocard richement brodé.
C’est ainsi que Daniel Colas nous le fait revivre et nous avons l’impression d’un livre d’Histoire qui serait brusquement animé tant les costumes somptueux signés par l’incontournable Jean-Daniel Vuillermoz recréent parfaitement cette époque charnière entre Moyen Age et Renaissance.
Basé sur ce que raconte cette mauvaise langue de Brantôme, qui n’aimait rien tant que les ragots, il nous dépeint dans une langue châtiée, ni vieux français ni langage actuel avec une belle maîtrise des subjonctifs, un François 1er jeune, un peu sot et davantage attiré par les femmes que par la politique. Heureusement sa mère Louise de Savoie veille au grain, elle qui a consacré sa vie à préparer son accession au trône. Dans ce rôle de maîtresse femme, à l’aise dans les coulisses du pouvoir, maniant intrigues et autorité avec maestria, mêlant amour maternel et passion pour le pouvoir, Béatrice Agenin est réellement impressionnante, tour à tour séductrice quand ça sert ses intérêts, intraitable, perfide ou violente, elle fait corps avec son personnage, ne lâchant rien du début à la fin.
Face à elle, sa bru, douce et effacée, peu avantagée par la nature, boiteuse, petite et un peu forte, incarnée par une Maud Baecker qui n’a pas hésité à s’enlaidir et qui nous donne envie de défendre et protéger cette pauvre Claude malmenée par sa terrible belle-mère.
Daniel Colas n’a pas voulu faire une pure reconstitution historique mais un vrai spectacle de théâtre. C’est ainsi qu’il parsème don discours de notes humoristiques, créant un personnage bègue drôlissime, bravo à Yvan Garouel, et nous présente un François 1er vigoureux et paillard dans des scènes parfois un peu trop lestes.
Patrick Raynal campe quant à lui un superbe Louis XII au seuil de la mort, bouleversant et magnifique.
Tous les autres comédiens sont à la hauteur, aucune fausse note, on ne voit pas passer les deux heures que dure le spectacle tellement on est captivé par ces intrigues de cour.
La mise en scène nous offre un flash-back intéressant, quasi cinématographique, dans un décor des plus épurés où juste des chandeliers soulignent la marche du temps tandis que les miroirs qui tapissent le fond de scène reflètent les personnages en une belle fantasmagorie, pour une page d’histoire traitée façon Kaamelott qui nous rappelle que les intrigues ont toujours été indissociables du pouvoir.
Nicole Bourbon
La louve
De Daniel Colas
Mise en scène Daniel Colas
Assistante à la mise en scène Victoire Berger-Perrin
Avec Béatrice Agenin, Gaël Giraudeau, Coralie Audret, Maud Baecker, Yvan Garouel, Adrien Melin Et Patrick Raynal
Décor Jean Haas
Costumes Jean-Daniel Vuillermoz
Lumières Kevin Daufresne
Musique Sylvain Meyniac
Mis en ligne le 9 octobre 2016