Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette
75011 Paris
01 43 57 42 14

Jusqu’au 24 novembre
À 20h, samedi à 18h,
relâche les dimanches.

 

Photo © Louise Quignon

 

A priori, ce spectacle est difficilement racontable ; mais il l'est quand même. Partiellement.

L'auteur avoué, Martin Mongin, est un prof de philo, qui a signé déjà quelques livres qui ont (dit-on) fait date.

Le metteur en scène, Simon Gauchet, a entrepris, dans la foulée de son co-auteur, une quête à la fois étrange et fascinante.

Soit donc une expédition lancée (?) en 1989 par deux antrhropologues et sociologues allemands, à la recherche de l'Atlantide, en s'appuyant d'abord sur Platon, seul commentateur et auteur d'écrits sur ce continent perdu... tellement perdu et englouti qu'on glose encore sur son emplacement réel : était-il du côté du détroit de Gibraltar ou, plus loin, du côté de l'ïle de Santorin (Grèce) ou encore ailleurs ?

Nous assistons à des préparatifs minutieux, chaque comédien interprétant, qui un sociologie, qui un anthropologue ou un philosophe.  Il y a des toiles peintes, fort belles, que l'on retrouvera de façon brillante tout au long du spectacle.

Cette Atlantide, pour certains, serait la source de tout : source politique mais aussi personnelle, sa quête serait, en fait, une exploration possible (et nécessaire) de l'imaginaire de chacun.

Or, au bout d'une heure, on nous apprend que, finalement, cette expédition n'a pas eu lieu. Mieux, les différents protagonistes comme, après eux, les comédiens que nous voyons sur scène, vont se lancer dans ce périple exploratoire concernant leur propre imaginaire, ceci à base de récits de rêves faits par les uns et les autres : on voit la tentation, elle est belle ; belle mais vague, fumeuse, à la limite du l'inconscient au sens psychanalytique. On sent bien que c'est précisément cela qu'ont tenté, et réussi, les comédiens et comédiennes sous la houlette de Simon Gauchet.

Pour aborder ce spectacle, il ne faut pas avoir trop d'a priori : il faut se laisser entraîner. Cela se fait sans trop de problème, car une série de "relances" font avancer non l'action, mais la démarche de ces personnages, leur recherche d'un ailleurs, lointain... ou intérieur.

Chacune et chacun porte, en lui, des réserves de curiosité. Une quête, quelle qu'elle soit, attire. On en veut plus, on voudrait savoir, tout en se disant que le fait de "trouver" ferait fatalement retomber le rêve, le réduirait à une triste réalité...

La mise en scène se donne des airs d'impro faussement négligée, or elle est très travaillée et les interprètes oscillent entre le jeu et la confidence, entre des personnages qu'ils créent et eux-mêmes dans leurs propres rôles.

Ne touchons pas là, véritablement, à la magie du théâtre, art de l'illusion s'il en est ?

Gérard Noël

 

La Grande Marée

Mise en scène, écriture et dramaturgie : Simon Gauchet, à partir du texte de Martin Mongin

Avec : Gaël Baron, Yann Boudaut, Rémi Fortin, Cléa Laizé

Collaboration artistique : Eric Didry
Assistante à la mise en scène : Nathanaëlle Le Pors
Conseiller scientifique : Constantin Rauer
Scénographie : Olivier Brichet, Simon Gauchet
Musique : Joachin Pavy
Costumes et textile : Léa Gadbois-Lamer assistée de : Lara Manipoud, Sandra Meiner et Marine Baney
Construction : Olivier Brichet, Clémence Mahé
Son : Manuel Coursin
Régie son : Manuel Coursin et Marine Iger (en alternance)
Lumière : Claire Gondrexon
Régie lumière : Claire Gondrexon et Anna Sauvage (en alternance)
Régie générale et régie plateau : Ludovic Perché et Lucille Réguerre (en alternance)
Accompagnement et conseil : Frédéric Payne