LA FEMME OISEAU
Théâtre de l'Epée de Bois
La Cartoucherie
Route du Champ de Manœuvre
75012 Paris
01.48.08.39.74
Jusqu’au 1er février
Lundi, mardi et mercredi à 20h30
Les samedis 14 et 28 janvier à 16h00
Voici un spectacle qui a planté ses racines dans le merveilleux. Non seulement parce que l’histoire en elle-même est de ce domaine mais par la forme sous laquelle Alain Batis a voulu la présenter. Texte, visuel, décors, costumes, musiques et jeu d’acteurs participent ensemble à la narration de ce conte extrait d’une légende japonaise.
Les cinq interprètes possèdent des talents multiples : harpistes, pianistes, marionnettistes, chanteurs ou flutistes, ils vont, en plus de jouer ou de donner vie aux différents personnages, produire à la fois bruitages, ambiances et accompagnements des chansons écrites pour ce spectacle. Ce choix de jeu direct donne une dynamique et une vie palpitante au récit. Les changements de costumes ou de décors sont ainsi accomplis sans rompre le rythme de l’histoire.
Une histoire puisée à la mythologie animalière.
Le héros, Yohei, un jeune paysan bûcheron, sauve et soigne une grue sauvage blessée par les chasseurs. Le lendemain, une jeune femme, Osaku, arrive dans sa demeure et devient sa compagne. L’hiver est long et rude. Pour les sauver de la misère, elle propose de tisser une étoffe légère comme un nuage qu’ils pourront vendre cher à la ville, à la condition que Yohei ne la regarde jamais tisser. Mais ce travail semble épuiser toutes les forces vives de la jeune femme, chaque fois plus douloureusement que la fois précédente.
La dramaturgie est un classique des contes qu’ils soient orientaux, moyen-orientaux, occidentaux ou septentrionaux : un interdit formel est édicté sous peine d’un grand malheur, un tabou qui devient tentation à laquelle le héros finit, pour une raison ou une autre, par succomber. On pense à Orphée perdant à jamais Eurydice pour s’être retourné par inquiétude. Ici, Yohei subit la corruption de l’avidité et c’est cet amour pour l’argent, la richesse et le confort qui lui fera perdre la femme de sa vie.
Sans doute, en sous-texte de cette histoire, ce message fort parvient à passer dan notre monde obsédé par la possession matérielle.
Mais l’adaptation d’Alain Batis est encadrée par une parenthèse qui laisse une lueur d’espoir. Yohei, vieilli et errant sans fin à la recherche de sa jeune femme envolée, est recueilli ce soir-là par une jeune femme, homonyme de sa compagne, qui lui ressemble étrangement, laissant planer à la fin du conte l’espoir que, arrivé au bout de ses souffrances et de son repentir, Yohei retrouve enfin celle qu’il aime et qu’il avait trahie.
Il faut enfin noter les très belles marionnettes, manipulées avec talent et comme au corps à corps en ce qui concerne celle de la grue sauvage, qui sont partie intégrante de ce spectacle. À noter aussi un très pur travail corporel des interprètes, très abouti, en particulier celui de la comédienne Julie Piednoir, dans le rôle d’Osaku, non seulement pour sa gestuelle inspirée de celle de ces oiseaux élégants que pour sa manière très travaillée de proférer ses répliques d’une façon parfois désincarnée qui renforce le côté surnaturel de son personnage.
Bruno Fougniès
La Femme oiseau
Texte et mise en scène Alain Batis
Assistanat à la mise en scène : Anne-Charlotte Bertrand, Sophie Grandjean
Création musicale : Cyriaque Bellot
Conception marionnettes : Camille Trouvé
Assistée de : Steffie Bayer
Scénographie : Sandrine Lamblin
Lumières : Jean-Louis Martineau
Costumes : Sarah Chabrier, Jean-Bernard Scotto
Perruques et Maquillages : Judith Scotto
Chorégraphie : Amélie Patard
Création vidéo : Aline Deguen – dessin et Grégory Marza – animation
Avec : Raphaël Almosni, Emma Barcaroli, Loreleï David, Franck Douaglin, Julie Piednoir
Mis en ligne le 2 août 2016
Actualisé le 13 janvier 2017