LA DOUBLE INCONSTANCE
Théâtre de l’Atalante
10 place Charles Dullin
75018 Paris
01 46 06 11 90
Jusqu’au 29 mars
les lundis, mercredis, vendredis et samedi à 20h30, les jeudis à 19h
les dimanches à 17h.
La double inconstance raconte la machination que le pourvoir, incarné par le Prince, fait subir au Peuple, incarné par Sylvia et Arlequin. Le prince veut l’amour de Sylvia mais celle-ci a le cœur déjà donné à Arlequin. Le prince fera tout, usera de tous les stratagèmes et de toutes les tentations pour séduire celle dont il veut faire son épouse.
Rien pourtant qui ne ressemble à du pur vice dans cette pièce : le Prince semble véritablement épris de Sylvia. C’est du moins le parti pris qu’a décidé René Loyon dans cette mise en scène qui fait fi de toute surcharge décorative pour se concentrer sur les enjeux des personnages et le jeu des acteurs.
Les seuls personnages impurs de cette pièce sont les courtisans et les domestiques du prince, zélés agents qui ne cessent de jeter des écueils dans le cours tranquille de l’amour simple et populaire d’Arlequin et de Sylvia. Ce sont eux qui sont capables, par appât du gain, de se livrer corps et âmes, de coucher, d’épouser, de promettre amour et merveilles. Ici, les serviteurs sont vils et corrompus. Prêts à tout.
On connaît l’histoire : à la fin, Sylvia succombe aux avances du Prince et Arlequin aux attraits de Flamina, la créature envoyée par le Prince. C’est un déni de l’amour romantique : celui-ci cède à la tentation.
René Loyon fait vivre cette histoire dans une sorte d’antichambre où vont se croiser, s’éprendre et se découvrir tous les personnages. Tout se déroule dans cette pièce triangulaire bordée par des banquettes surmontées de coussins. Une simplicité de circulation qui concentre toute l’attention sur les comédiennes et les comédiens. Leur jeu n’est pas tous au même niveau.
Natacha Steck dans le rôle de Sylvia est fraîche et crédible, d’une sensibilité volontairement bucolique qui fonctionne bien. Marie Delmarès en Flamina possède la juste tenue de la confidente cérébrale, cynique et ambitieuse, elle est un guide complice pour le public. Trivelin, interprété par Jacques Brücher, est un serviteur fidèle d’une justesse impeccable. Les autres rôles sont moins convaincants, en particulier Arlequin, interprété par Hugo Seksig qui parle plus fort avec ses mains qu’avec sa bouche et semble fabriqué et difficile à croire.
Tout se déroule dans des lumières avec des trous où disparaissent parfois les visages.
L’impression d’ensemble est d’avoir assisté à une représentation certes rigoureuse, mais trop soumise au texte et par certains côtés un peu scolaire. On peut regretter une absence de prise de risque un peu plus moderne et une lecture moins conformiste.
Bruno Fougniès
La double inconstance
De Marivaux
Mise en scène de René Loyon
Dramaturgie : Laurence Campet
Décor : Nicolas Sire
Costumes : Nathalie Martella
Lumières : Laurent Castaingt
Avec : Cléo Ayasse-Sénia, Jacques Brücher, François Cognard,
Marie Delmarès, Augustin Passard, Hugo Seksig, Natacha Steck
Mis en ligne le 10 mars 2015