DE GAULLE PÉTAIN LA CONFRONTATION |
Théâtre des Mathurins Décembre 1945. Alain Houpillart, l’auteur, imagine que De Gaulle rend visite à Pétain sur l’île d’Yeu où il est assigné à résidence. Ils vont se livrer à une véritable joute verbale, faite de bons mots et de références historiques, dans un huis-clos rendu encore plus intense et tendu par les lumières a minima de Philippe Lacombe. Tout les sépare : l’âge – le général est dans la force de l’âge, le maréchal termine son existence – leur position sociale – l’un est un homme de la terre, l’autre un aristocrate – leur existence, leur destin – l’un misant sur la collaboration avec l’ennemi l’autre sur la Résistance – et surtout leur conception du pouvoir, du rôle que chacun doit jouer au service de la France. Dans la mémoire collective, De Gaulle est le héros, Pétain le traître. Or – et c’est très troublant – la pièce nous rend le second plus sympathique que le premier. Nous voyons un maréchal matois, ironique, batailleur, qui ne renie rien de ses choix, les explique et parvient à nous convaincre. Il faut dire que Jacques le Carpentier qui l’incarne est tout simplement prodigieux, tout en lui est impeccable, ses attitudes, ses regards, sa voix jusqu’au tremblement de ses mains. Olivier Till endosse l’habit – lourd à porter – du général. Il n’a pas la stature de l’original dont on a tous encore l’image dans la tête, peut-être est-ce pour cela qu’on a du mal à accrocher. Il faut dire aussi que le texte ne l’aide pas, les choix politiques de de Gaulle sont démontés sans pitié, chacune de ses attaques est contrée par une réplique incisive et percutante de Pétain qui justifie les siens avec pertinence, jusqu’au final où ce dernier le congédie littéralement. Ce combat-là c’est indéniablement le Maréchal Pétain qui le gagne.
Nicole Bourbon
De Gaulle Pétain La confrontation Texte et mise en scène : Alain Houpillart Avec : Jacques Le Carpentier, Olivier Till
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