LA CHAIR ET L’ALGORITHME
Théâtre de la Reine blanche
2, bis passage ruelle
75018 PARIS
Tél. 01 40 05 06 96
Jusqu’au 23 juin 2016
Les mardis, jeudis et samedis à 21h00
Au début, c’est un peu la jeune femme et le téléphone portable… puis, petit à petit, cela devient le mobile et la femme... Jeanne vit bien son époque et c’est réaliste : elle traverse le quotidien et ses aléas que nous découvrons au travers ses conversations et ses SMS projetés sur l’écran en fond de scène (nous n’arrivons pas toujours à les lire d’ailleurs, ils sont masqués par une drôle de colonne blanche). Ainsi, la jeune femme se marie, accouche, est trompée, quittée par son mari, démarre une carrière de journaliste, collectionne les amants et les mésaventures amoureuses. Tout le long, elle se raconte à sa grand-mère, à ses amies, au téléphone, évidemment. Finalement tout bascule lorsque, suivant les conseils de son informaticien de frère, elle commence à installer sur son mobile des applications censées lui faciliter la vie. Ces applis, bien pratiques au départ, prennent de l’ampleur et arrive le fatidique point de non retour : son identité est usurpée par le virtuel incontournable qui devient d’omniprésent, omnipotent, et finalement dominant. Belle matière à véritable réflexion, le sujet est insidieusement agaçant, car pertinent.
Élisabeth Bouchaud maîtrise, elle se transforme avec force et détermination de petit chaperon rouge en reporter de guerre, passe des hommes aux femmes avec humour et allégresse. La scénographie est intéressante, elle tourne autour de deux rouleaux géants de carton-crépon (un blanc et un noir) qu’un personnage indéfini et improbable au masque de loup enroule et déroule au gré des tableaux. Quelques longueurs à resserrer peut-être… mais globalement le Yin et le Yang fonctionne plutôt bien pour cette comédie moderne et grinçante. Irritante même, puisqu’elle provoque une (re)prise de conscience non souhaitée… de notre irrémissible dépendance au portable.
Luana Kim
La Chair et l’Algorithme
De : Jean Louis Bauer
Avec : Élisabeth Bouchaud, Marie Chaufour
Mise en scène, scénographie
costumes : Antoine Campo
Mis en ligne le 21 avril 2016