Théâtre Clavel
3 rue Clavel
75019 Paris 19
01.42.38.22.58

Jusqu’au 27 avril 2016
tous les mardis et mercredis à 20h00

 

photo @ SIPAPRESS

Nous y sommes, c’est écrit "Dead end" : un fond de rue plutôt calme, à l’écart, avec deux bancs et des poubelles. Une femme enceinte vient s’asseoir pour lire un livre. Elle assiste malgré elle, mais non indifférente, aux retrouvailles mouvementées de deux frères. L’aîné sort juste de prison et le cadet essaie de l’accueillir pour fêter sa libération, tant bien que mal. La tension est palpable, les griefs de l’un envers l’autre le sont aussi. Les liens qui les unissent sont forts, mais leur enfance a été compliquée, ils se heurtent aux difficultés de leur vie : manque de père, de travail, d’argent, drogue, alcool… schéma tristement habituel des quartiers défavorisés. L’incompréhension réciproque et le manque de communication dû à la distanciation font que le ton monte. Ils vont exorciser leurs peurs à travers la violence, ils vont se confronter verbalement, physiquement. Leur agressivité va-t-elle fatalement faire dégénérer la situation vers une issue dramatique, ou bien sauront-ils la contrôler ? Leurs pulsions et leurs peurs vont-elles les pousser vers le chemin du non retour ? Leur discernement réussira-t-il à reprendre le dessus ? Sauront-ils se souvenir de leurs rêves, de leur humanité ?

Dès le départ, le rythme est soutenu et ne se relâchera pas durant plus d’une heure. Nous restons en haleine, les scènes de bagarre sont très réalistes et très réussies. Julien Romano et Jonathan Bruzat vivent intensément leurs rôles de frères ennemis, ils sont à cran (d’arrêt), et ils en ont, c’est le cas de le dire ! Leur confrontation n’en est que plus crédible. Par leurs gestes, leurs regards, leurs intonations, les comédiens expriment si bien la souffrance et le désespoir des personnages, qu’ils nous prennent en otages. Malgré nous témoins à charge d’un douloureux fait divers auquel nous assistons impuissants, nous avons vraiment envie que ces deux là, et tous leurs semblables, puissent quand même réussir à s’en sortir sans trop de dégâts.

Julien Romano a écrit un texte vrai, il en assure une mise en scène adéquate et visiblement il sait où il va. Un petit problème de bande son cependant au début et à la fin : la musique est beaucoup trop forte et la voix off inintelligible… Impossible de comprendre ce qui apparemment devrait être la morale et/ou la conclusion de la pièce.

En tout cas c’est du théâtre fort, c’est moderne, puissant, c’est surprenant, comme un uppercut direct, pour une prise de conscience collective de la nécessité de combattre les failles de notre société afin qu’elle ne finisse pas dans une sombre impasse…

Luana Kim

 

L’Impasse

De : Julien Romano
Mise en scène : Julien Romano

Avec : Julien Romano, Jonathan Bruzat, Karen Peyrard