La Scala
13, Boulevard de Strasbourg
75010 Paris

Jusqu’au 2 juin

 

Photo Pauline Legoff

Pour ce diptyque homérique, Pauline Bayle a reçu le prix de la révélation du Syndicat de la critique dramatique en 2018. Au printemps 2019, elle a créé Chanson Douce de Leila Slimani au Studio-Théâtre de la Comédie Française. La metteure en scène a le vent en poupe, l’attente en fut d’autant plus grande…

Tout commence dans le hall de La Scala, deux comédiens, Achille et Agamemnon arrivent soudainement, s’invectivent ; Ulysse interpelle le public, rassemble les différents chefs de guerre en désignant les spectateurs pris au jeu. Le début semble annoncer un spectacle interactif qui laisse le public sans repos. Le public piétine pour rentrer dans la salle, le spectacle devient immobile, loin de nous sur le plateau.

L’adaptation du texte d’Homère jouée par cinq comédiens nous laisse à côté de la poésie du dramaturge et ne montre pas pour autant sa modernité. Les femmes jouent le rôle des hommes et vice versa, nous comprenons l’idée mais aucune subsistance en jaillit. La singularité manque, Pauline Bayle, avec bonne foi, ne fait qu’illustrer une mode souhaitant casser les codes du genre, de la duplication du discours émerge une pensée normée, dénuée de profondeur. Malgré la pureté de la scénographie et l’ingéniosité des accessoires, l’essence n’advient pas.

Pourquoi montrer l’humanité des dieux de façon aussi prosaïque ? Il y a une forme de complaisance dans le geste. Ce n’est pas la seule façon de s’adresser à un public « jeune » capable de s’émerveiller, de rire de situations cocasses qui ne cèdent pas au vulgaire. Faut-il crier pour être entendu ? Les comédiens s’épuisent à être en force. Ceci dit, il faut saluer leur performance.

Ce spectacle semble tomber dans les écueils du théâtre actuel, à la recherche de nouvelles formes, illustrant une pensée politique dénuée de subtilité. Le théâtre a le devoir d’être le lieu de la dialectique, sans cela, il meurt. Certes, la tâche est difficile et besogneuse, c’est à la nouvelle génération de s’en emparer !

Alexandra Diaz

 

L’Iliade et l’Odyssée

d’après Homère
Adaptation et mise en scène Pauline Bayle

Avec Manon Chircen, Soufian Khalil, Viktoria Kozlova en alternance avec Najda Bourgeois, Mathilde Méry, Loïc Renard

Scénographie Camille Duchemin, Pauline Bayle

Lumières Pascal Noël

Costumes Camille Aït