L’ÉVEIL DU PRINTEMPS

Théâtre de Belleville
94 rue du Fg du temple
Paris 75011   
01 48 06 72 34

Jusqu’au 31 octobre
du mercredi au samedi à 21h15

 

L’Éveil du printemps loupe 

La metteuse en scène, Marion Conejero ne nous l’envoie pas dire : 127 ans (eh oui !) sépare la publication de "L’Éveil du printemps" de notre époque. Les préoccupations du jeune Wedekind vont vers la jeunesse, ses joies, ses problèmes et la façon dont elle sort (ou pas) de l’enfance.

Ici, on a enchâssé la pièce dans une sorte de jeu dans le jeu, nous présentant des étudiants partant sur un projet. Ils se disputent, s’enthousiasment... avant de devenir les personnages de la pièce que nous allons voir. Elle va se reconstituer sous nos yeux, nous faire faire connaissance avec des personnages, et nous faire revivre le drame qu’ils ont vécu.

Les filles ont des préoccupations concernant notamment la séduction... et les bébés. Les garçons rêvent d’ailleurs, tout en redoutant l’échec scolaire. Pièce en avance sur son époque, elle évoque les pulsions sexuelles, les premiers émois.

Bien vu, également, les relations entre les garçons et ces amitiés (possessives) qui font que l’on peine à voir un de ses copains se lier "plus" avec un troisième larron. Ambiguïté, agressivité... interrogations sur soi, désir de mort, tout est en place. Tout est là.

On a même ajouté des poèmes, du Jean Genêt, notamment (le remarquable "Condamné à mort") Il y a ausssi de la musique. De la danse.

La metteuse en scène se place sous la férule de Sofia Coppola et Xavier Dolan.  En fait, malgré l’enthousiasme des comédiens (et leurs qualités d’interprétation) elle peine à faire dire à la pièce plus qu’elle ne dit déjà. Et surtout, on pourrait penser à d’autres œuvres (plus récentes ou carrément contemporaines) qui rendraient mieux compte de ce passage délicat de la jeunesse à l’âge adulte.

Tel quel... on est pris par l’ensemble du spectacle, très bien monté, encore une fois, et animé avec fougue et sensibilité par Bastien Spiteri (en Moritz) ou Gaelle Battut (Wendla). Il faudrait les citer tous, mais une mention spéciale à Thomas Silberstein en Melchior farouche et intransigeant. La musique, jouée en direct... est prenante.

Outre la mise en scène, inventive (des images simples, suffisent parfois, notamment à la fin) on retiendra que les comédiens et comédiennes nous font réfléchir sur l’idée même de théâtre en étant les étudiants du début, les personnages... mais aussi eux-mêmes tellement leur jeu est à fleur de peau.

Gérard Noël

 

L’Éveil du printemps

de Franck Wedekind.
Mise en scène et adaptation : Marion Conejero
Texte français : François Regnault.

Avec : Laure Duedal, Gaëlle Battut, Lucile Chevalier, Paul de Monfort, Thomas Silberstein, Bastien Spiteri, Matéo Lavina-Zerkalâ

Scénographie : Marion Conejero
Création lumières : Vincent Mongourdin
Musique originale en direct : Zerkala
Costumes : Marion Conejero

 

Mis en ligne le 9 octobre 2018