L’AILE DÉCHIRÉE
Théâtre de l’Athénée – Louis Jouvet
Square de l’Opéra Louis Jouvet
7 rue Boudreau
75009 Paris
01 53 05 19 19
Le mardi 14 novembre à 19h00
Le samedi 18 à 20h00
Le dimanche 19 novembre à 16h00
Le texte dont il est l’auteur et qu’il met en scène, Adrien Guitton le résume ainsi : « C’est une fable contemporaine qui raconte un acte manqué. » Oui. L’auteur, en fait, a voulu trop en faire : l’histoire, des trentenaires qui s’égarent près d’un lac et sont victimes d’un « sort ». « Un ange est mort ici… » dit l’un d’eux. Des personnages échangent de propos pseudo-philosophiques : — Qui es-tu ? — Le même que toi ! La virtuosité de l’auteur tourne un peu à vide, se contentant de jeux sur les mots. Il y a aussi deux jeunes filles façon elfes, avec des robes blanches et des lumières autour du cou. On craint le pire. Heureusement, les personnages masculins reviennent, dans un style bien plus réaliste : l’histoire peut vraiment commencer.
Il faut, en fait, attendre une bonne demi-heure pour que les choses se mettent en place en que dédaignant Maeterlinck ou Shakespeare, Adrien Guitton fasse du Guitton. Quand un des personnages masculins fait « la » rencontre et qu’il tombe follement amoureux de cette créature tout de blanc vêtue, on accroche enfin. Une femme aime un homme qui aime une autre femme qui aime un autre homme… Racine n’est pas loin, mais peu importe : l’auteur arrive à nous passionner avec cette simple équation. Grâce sans doute à la sobriété (nouvelle) de son écriture, à la mise en scène inventive, et surtout au jeu inspiré des comédiens. Il y a aussi une mère qui s’inquiète pour son fils, une jeune fille affligée d’un père-ogre menaçant. Un amoureux « tout de noir vêtu » à la voix déchirante…
L’auteur prend prétexte qu’on se trouve à un moment dans un cabaret tenu par une maîtresse-femme pour nous gratifier de quelques chansons bien venues. Le suspense règne, le jeu est épidermique et l’enjeu, ce fameux enjeu du « qui va rester avec qui ? » fonctionne à plein. Le temps est suspendu : on aimerait, pour le coup, que cela dure encore. La moralité semble être : On aime QUI vous aime. Encore que ce soit loin d’être aussi simple. On appréciera Gaia Singer, en mère et en tenancière. François Gardeil tient à merveille son personnage. Même chose pour Laurène Thomas… en apparition magique. Martin Karmann est un fiancé tout d’une pièce dont la prestation se nuance au fil de la pièce.
En résumé, un spectacle prometteur, sauvé par son milieu et sa fin. Par la conviction d’Adrien Guitton. Et bien sûr par les comédiens !
Gérard Noël
L’Aile déchirée
Texte et mise en scène : Adrien Guitton.
Avec : François Gardeil, Hugo Jasienski, Martin Karmann, Marie-Caroline Le Garrec, Laura Segré, Gaia Singer, Laurène Thomas, Loris Verrecchia.
Scénographie : Juliana Bettarel.
Lumières : Denis Koransky.
Costumes : Hollie Barret, Odélia Rabusseau.
Composition musicale : Florent Sénia.
Mis en ligne le 13 novembre 2017