KATHPUTLI, DANSES ET MARIONNETTES DU RAJESTHAN |
Le Grand Parquet Le kathputli, théâtre de marionnettes du Rajasthan, est né au VIIIe siècle de la nécessité de distraire un prince insomniaque. Cet art, exercé à l'origine dans les cours royales, descendit ensuite dans la rue pour finir par tomber en désuétude. Zazie Hayoun, metteure en scène – également chanteuse et marionnettiste –, séduite par cette tradition, s'attache, depuis plus de vingt ans, à la ressusciter, pour le plus grand bonheur des petits et de leurs parents. C'est à un véritable voyage en Inde qu'elle nous transporte, voyage qui commence dès l'entrée du théâtre avec l'exposition-vente de marionnettes et autres objets artisanaux, et nous plonge dans un univers coloré et fascinant. Sur l'avant de la scène, côté cour, un rickshaw richement décoré. Sur scène, côté jardin, deux musicien, l'un au dholak, instrument à percussion horizontal à deux peaux ; l'autre à l'harmonium, instrument qui se situe entre l'orgue et l'accordéon, alimenté par un soufflet et pourvu d'un clavier. Le fond de la scène est occupé par un décor qui changera dans la deuxième partie. Le cadre est planté, que la fête commence ! La première partie fait revivre la vie quotidienne dans un village indien où se côtoient les petits métiers de rue, expression du jugaad, l'équivalent indien de notre « système D » : cordonnier, marchand de Bétel, cireur, repasseur (eh oui, en Inde, on peut faire repasser ses vêtements dans la rue) à travers des saynètes comiques déclenchant inévitablement le rire : souliers qui marchent seuls pour aller se faire cirer et en profitent pour botter les fesses du cireur, barbier énergique qui malmène la tête de son client, matrone obèse faisant verser la carriole de son porteur malingre La deuxième partie nous transporte à la cour de l'empereur Akbar, où les maharajas les plus importants du Rajasthan sont réunis pour un grand festin au cours duquel se déroulent de nombreuses attractions, plus extraordinaires les unes que les autres : danseuse, acrobate, charmeur de serpents, dompteur d'éléphants L'originalité du spectacle tient dans l'introduction d'une danseuse qui, tout en faisant le lien avec le public tout au long de la représentation, rythme le déroulement des scènes jouées par les marionnettes, accompagnée par les deux musiciens. Petit clin d'il amusant – et volontairement anachronique – au cinéma bollywoodien, avec la chanson-titre du film « Baazigar », qui ravira les fans de ce cinéma (et de Shahrukh-Khan et Kajol) s'il s'en trouve dans la salle ! Nul besoin de comprendre les quelques paroles ou dialogues (vraisemblablement en hindi) qui émaillent le spectacle. Celui-ci est suffisamment éloquent pour que le public enfantin réagisse par des rires, des commentaires, des explosions de surprise et de joie. Bref, s'il est vrai que le théâtre de marionnettes kathputli a pour vocation, depuis ses origines, de distraire princes ou gens du peuple, on peut affirmer que la compagnie Théâtre en Tête a réussi à nous enchanter tout en nous immergeant dans un univers culturel étranger et peu connu. Ce spectacle poétique et drôle est une heureuse alternative à notre Théâtre de marionnettes du jardin du Luxembourg. Petits enfants, emmenez-y vos parents et grands-parents, ils ne le regretteront pas.
Élishéva Zonabend
Kathputli, danses et marionnettes du Rajesthan Mise en scène : Zazie Hayoun Danseuse : Neha Mathur
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