JUSTIN PREND DU SPECTRUM
L'Atalante
10 place Charles Dullin
75018 Paris
01 46 06 11 90
Jusqu’au 30 juin
Les lundis, mercredis et vendredis à 20h30, les mardis, jeudis et samedis à 19h00
Représentation exceptionnelle le dimanche 18 juin à 17h00
Relâche exceptionnelle le mardi 20 juin
Le visage emplâtré, la tignasse comme un flamboiement d’artifice, les robes… les robes sorties d’un bain de teintures acides, l’une fluo vive, l’autre rouge comme un feu de forêt, Monique et Mélanie surgissent comme deux démons crachés du carnaval.
Et l’intérieur des personnages vaut bien l’apparence : leurs esprits sont des mécaniques, on croit presque entendre les cliquetis des rouages, et les pensées, les humeurs, les émotions ne sont que le fruit de réactions chimiques complexes et maitrisées.
Rémi De Vos nous transporte en 2050 dans un monde fantasmé où la médecine et la pharmacopée ont définitivement annexé l’humain : il est en leur pouvoir, absolu. Drogues et opération règlent toutes les vies et décident de la durée de la vie, de la dose de bonheur.
Chacun y consomme quotidiennement ses doses, ses pilules, ses injections, les unes pour l’état de jouvence, les autres pour rester fertile, les dernières pour déclencher les rires, les dépressions, les paroles…
La pièce se déroule dans un établissement de cure où l’on pratique quelques traitements de chocs susceptibles de ranimer les morts et de faire marcher les cadavres. Trois employés se retrouvent dans leur vestiaire : Monique, Mélanie et Justin. Ces apprentis sorciers de l’automédication vont déclencher le surdosage moléculaire fatal, dévastateur, révélateur…
Une vision critique qui défragmente, à coup d’humour, le sérieux de notre société surmédicalisée et avide de longévité à tout prix. Une idée qui donne lieu à des dialogues foisonnant d’absurde et à des péripéties jubilatoires, sans compter les réactions étranges de ces êtres sous tutelle médicamenteuse.
La mise en scène d’Olivier Oudiou choisit d’aller dans le sens de l’extravagance, poussant les traits sans toutefois perdre le crédible de l’histoire. Une bande son très élaborée rythme cette farce, crée l’espace de l’institut médical qui nous entoure et renforce l’aspect futuriste, aseptisé et mécanique un peu dans l’esprit des œuvres de Georges Orwell.
Mais ce sont surtout sur les trois interprètes sur qui repose le rire, le décapant, l’extraordinaire de la pièce. Yveline Hamon, Maryse Poulhe et Bruno Boulzaguet construisent des personnages sans cesse au bord de la folie, une folie parfois dangereuse, inquiétante, glaciale, démesurée qui permet à leurs talents de montrer des facettes étonnantes et jubilatoires.
La photo de l’affiche est extraite de Charlot fait une cure.
Bruno Fougniès
Justin prend du spectrum
Texte : Rémi De Vos
Mise en scène, dispositif scénique et lumière : Olivier Oudiou
Musique : Bertrand Maillot
Assistant lumière et Régie Générale : Thomas Cottereau
Costumes : Sylvette Dequest
Maquillages et Coiffures : Catherine Nicolas
Avec :
Bruno Boulzaguet (Justin), Yveline Hamon (Monique), Maryse Poulhe (Mélanie) et Émeline Bayart (La Voix)
Mis en ligne le 18 juin 2017