Entête

JUSTE LA FIN DU MONDE

 

Théâtre de l’Atelier
1 place Charles Dullin
75018 Paris

Jusqu’au 2 mars 2025
Du mercredi au vendredi à 21h
Le samedi à 15h et 21h
Le dimanche à 16h

 

Juste la fin du monde loupe

Photo © Christophe Raynaud de Lage

 

Trente ans. Jean-Luc Lagarce est mort en 1995. Le Théâtre de l’Atelier célèbre cet anniversaire avec deux pièces, la plus célèbre Juste la fin du monde et Il ne m’est jamais rien arrivé d’après les journaux du dramaturge. Vincent Dedienne est le double de l’auteur dans ces deux mises en scène de Johanny Bert.

Il y a un paradoxe à mettre en scène Juste la fin du monde, à vouloir passer par l’incarnation des corps pour représenter, tant la parole prend toute la place.  Le langage de Lagarce, se reprendre, pour dire mieux, ne chasse pas la distance entre les personnages. On parle beaucoup mais on ne se dit rien directement. L’assemblage de tous ces mots fait apparaître les fantômes du for intérieur. C’est tragique. Chacun a un rôle assigné dans le cadre familial mais cela ne convient à personne. La seule échappatoire semble la fuite mais Louis, le fils aîné incarné par Vincent Dedienne, revient pour annoncer sa mort prochaine.

La scénographie de Johanny Bert crée une mise en abyme, expiation de ce qui est coincé de l’intérieur et toujours en suspens, poids des générations passées. Par un jeu de fils, ces épées de Damoclès suspendues – machine à laver, table, lampadaire à la mode des années 80/90 (une cinquantaine d’objets présents) -, deviennent décor, chambre, terrasse, jardin. Le père, personnage décédé et souvent évoqué, est représenté par une marionnette (ne serait-ce pas Charles Dullin ?), tout en finesse, on peut y voir un hommage au théâtre, à ses idoles (coucou Christophe Honoré).

Si la mise en scène est parsemée d’idées poétiques, le jeu des comédiens est soporifique. Nous avons l’impression d’assister à une lecture mise en espace sur un plateau sublimé par une scénographie brillante. Le non-dit et l’absence sont dans le texte, la distance émerge sans avoir à la souligner par un jeu absent. Hormis, la mère et la belle-sœur, incarnées par Christiane Millet et Astrid Bayiha, les comédiens sont désincarnés. La sincérité de Vincent Dedienne, par ce jeu trop contenu, ne nous parvient malheureusement pas. Quel plaisir d’écouter les mots Lagarciens, quelle déception de ne pas les entendre portés par les comédiens.

Alexandra Diaz

 

Juste la fin du monde

De Jean-Luc Lagarce
Le texte Juste la fin du monde est publié aux Éditions Les Solitaires Intempestifs
Mise en scène, scénographie et direction d’acteur.ices Johanny Bert

Avec Astrid Bayiha, Céleste Brunnquell, Vincent Dedienne, Christiane Millet, Loïc Riewer
et les marionnettistes (en alternance)
Kahina Abderrahmani / Élise Cornille

Assistante à la mise en scène Lucie Grunstein
Assistant à la scénographie Grégoire Faucheux
Création musicale Guillaume Bongiraud
Création sonore Marc De Frutos
Création lumières Robin Laporte
Création marionnette Amélie Madeline
Création costumes Alma Bousquet
Accessoiriste Irène Vignaud