Le Centquatre-Paris
5 rue Curial ou 104 rue d'Aubervilliers
75019 Paris
Tel : 01 53 35 50 00

Jusqu'au 22 décembre 2018

 

Photo © Simon Gosselin

Noël est la fête familiale de l’année où chacun tente d’être ensemble avec ses secrets, ses envies inavoués. Il est approprié de faire bonne figure, d’avoir le cœur à la fête. Le Collectif Le Grand Cerf Bleu montre la solitude de l’être malgré le collectif, rien de tel que Noël pour montrer les fêlures du vivre ensemble.

Cette année, les retrouvailles ont lieu chez les parents. Lolo, la benjamine a soif d’émancipation. Gaby, récemment séparé de sa compagne que tout le monde aimait, n’arrive pas à l’avouer. Le frère aîné J-B est à l’étranger et vient accompagné de son amie pour l’occasion. Il y a aussi la grand-mère Titine qui a perdu son compagnon de vie. Cette énumération pose les schémas occidentaux classiques auxquels tout spectateur peut s’identifier. Les difficultés de chaque génération sont montrées avec justesse mais paradoxalement, sans singularité. En ce sens, les personnages sont vidés de leur substance ; ce sont des fantômes. Est-ce le sort du commun des mortels ? Certes, chaque tranche de vie est muée par des aspirations, toutefois, l’expérience et les perceptions subjectives sont la vitalité, le rythme de l’existence.

La trame narrative semble embuée dans les schémas, la zébrure vient lorsque le personnage parle de ses tonalités. Le père aurait voulu être un artiste, J-B s’invente une vie luxueuse pour avoir la reconnaissance de ses pairs. La figure de l’étranger est le déclencheur. La petite amie de J-B ainsi que l’anonyme permettent de faire tomber les masques. La scénographie est subtile, le salon est le lieu des retrouvailles forcées ; la cuisine, comme souvent, est l’endroit de l’intimité où l’on se dit les choses, en tête à tête. Le non articulé, la musique, fait partie intégrante de la dramaturgie ; à la fois élément comique et cathartique, elle est parfaitement maîtrisée.

La deuxième création du collectif réussit à montrer toutes les générations qui se côtoient aujourd’hui. C’est un théâtre moderne du quotidien ! La nuance et l’explosion seront à suivre dans leurs prochaines créations.

Alexandra Diaz

 

Jusqu’ici tout va bien

Une création du Collectif Le Grand Cerf Bleu / Laureline Le Bris-Cep, Gabriel Tur, Jean-Baptiste Tur

Avec Serge Avédikian, Coco Felgeirolles, Adrien Guiraud, Laureline Le Bris-Cep, Martine Pascal, Juliette Prier, Gabriel Tur, et Jean-Baptiste Tur

Création lumières, régie générale Xavier Duthu
Création sonore Fabien Croguennec et Gabriel Tur
Scénographie Jean-Baptiste Née
Assistant à la mise en scène Guillaume Laloux
Regard extérieur Guillaume Laloux
Régisseur plateau Valentin Paul