JEU ET THÉORIE DU DUENDE

Les Déchargeurs
3 rue des déchargeurs
75001 Paris

Jusqu'au 21 décembre 2013
Du mardi au samedi à 19h30

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Mis en ligne le 3 décembre 2013

Jeu et théorie du Duende
Photo Julie Durand

Lorsque l'on pense au théâtre de Federico García Lorca, on a tout de suite en tête les tragédies des femmes dans les villages andalous (La maison de Bernarda Alba, Yerma ou Noces de Sang).

Dévoiler au public un texte moins populaire et très peu adapté sur scène constitue donc un effort à saluer. Jeu et théorie du duende est inspiré d'une conférence donnée par Lorca dans les années trente. Le « duende », littéralement le lutin, ou le feu-follet, n'est ni une muse ni un ange, il est en fait la curieuse particularité andalouse, « le don », « l'inspiration », la pulsion habitant les artistes issus de la terre natale de Lorca, chanteurs, danseurs et même toréros.

On pénètre dans la salle aux accents de la guitare qui accompagne tout au long de la pièce la performance convaincante de Mireille Perrier. Si celle-ci relève le défi d'interpréter Lorca avec passion, en étant habitée par le texte, jouant – avec duende – de ses mains et de ses coups de talons, on peut regretter deux choses : une prononciation parfois peu naturelle de l'espagnol et la retenue du guitariste, duquel on aurait attendu une véritable mise en pratique de ce duende magique. Mais il laisse toute sa place à Mireille Perrier, et donc au texte, chargé de références littéraires, poétiques, artistiques, pas uniquement espagnoles.

S'il est à dire vrai parfois peu aisé de saisir ces multiples références pendant l'heure que dure le spectacle, on ressort plus riche d'informations sur l'âme profonde de l'Espagne, sa beauté et sa violence, que l'on retrouve dans la corrida, spectacle de la mort. Une violence qui a marqué le destin du poète, assassiné par les franquistes lors de la guerre civile, et dont le souvenir sans doute hante le metteur en scène, qui met un point d'honneur à montrer que le duende ne meurt pas sous les balles, « esprit secret de l'Espagne » qui perdure malgré la douleur.

Ivanne Galant

 

 

Jeu et théorie du duende

Texte de Federico García Lorca
Traduit par André Belamich (éditions Gallimard )
Mise en scène : Benjamin Barou-Crossman

Avec : Mireille Perrier

Lumières : Philippe Lacombe
Costumes: Laure Jeger