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JE SUIS NÉ LE JOUR DE MON ANNIVERSAIRE |
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La manufacture des Abbesses
Au sol un tissu. Blanc. Rond. De chaque côté, un fauteuil recouvert de drap. Blanc. On attend, dans ce léger bruit de murmures et de froissements que fait un public qui s'installe. Ce bruit annonciateur, qui fait déjà partie du spectacle et que tout comédien écoute le cœur battant dans la solitude de la coulisse. Noir sur scène et dans la salle. Quand la lumière revient, la comédienne est là, debout au centre, elle tient une petite valise à la main. Elle est vêtue d'une chemise sur un pantalon. Blancs. Commence alors une incroyable aventure, un voyage inhabituel dans un monde imaginaire. Celui dans lequel pense un fœtus. Qui va nous parler de ses doutes, de ses peurs, de ses espoirs. Nous parler de lui et aussi par ricochets de nous. Nous parler de la Vie tout simplement. Le texte écrit par Thierry Mourjan est savoureux, drôle, tendre, intelligent. La comédienne, Maud Imbert, œil de biche, silhouette menue, est époustouflante de naturel dans ce rôle difficile et oh combien périlleux d'un fœtus qui parle. Car on y croit. Pas de caricature. Pas de surjeu. La simplicité. Une diction parfaite. Le ton qui convient. La voix qu'il faut. Avec juste ce qui est nécessaire de côté enfantin pour être crédible sans être ridicule. Les pauses indispensables, les déplacements lents et mesurés au bon moment, bien dirigés par une mise en scène fluide et toute en douceur de l'auteur et de Christine Casile. On baigne littéralement dans ce monde ouaté où les bruits extérieurs arrivent étouffés. Bien à l'abri. Magie des mots, du jeu. Temps suspendu. On suit ce début d'être humain avec ses questionnements, ses inquiétudes, ce qu'il peut imaginer d'après les bribes d'information qu'il possède, notamment « la claque » qui l'attend à la naissance et qu'il craint. Toute une vie supposée se déroule ainsi en accéléré, composé de moments tristes ou joyeux dont il lui faudra bien s'accommoder, moments précieux car ils ne reviendront jamais. Tout ce qu'on sait peut-être et qu'on a oublié. Naître ou ne pas naître ? Mais a-t-on le choix ? Arrive le moment attendu et redouté. Magnifique séquence toute en suggestion, limpide, bouleversante, instant de grâce. Noir sur la scène. Des cris de nouveau-né. L'histoire est terminée. Le fœtus a disparu. Voilà un petit d'homme. Son histoire peut commencer. La comédienne revient saluer, l'air un peu perdu de celui qui arrive dans un pays étranger, elle peine à reprendre pied dans le réel. Instant de grâce fragile, fugitif, infiniment émouvant où l'artiste est encore un peu avec son personnage et déjà un peu lui-même, face à tous ces inconnus qui ont partagé cette expérience unique avec lui et l'ovationne.
Nicole Bourbon
Je suis né le jour de mon anniversaire Auteur : Thierry Mourjan Artistes : Maud Imbert Metteur en scène : THierry Mourjan, Christine Casile
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