JE SUIS DRÔLE

Lucernaire, centre national d'art et d'essai.
53 rue N.D des Champs
75006 PARIS
01 45 44 57 34
Jusqu'au 2 juin 2013, du mardi au samedi à 20h et le dimanche à 15h

 

Après « Pollock », Claude Perron renoue avec l'univers de Fabrice Melquiot et son écriture brillante. Ici, bien qu'il y ait un jeune homme qui lui donne une réplique muette, il s'agit d'une sorte de one-woman show. Et justement, l'héroïne de la pièce est une « comique » comme on dit, qui joue des sketches a priori drôles. Ce qui la conduit à bannir toute forme d'humour chez elle. Notamment dans ses relations avec le grand ado mal dégrossi qui lui sert de fils. Et qui s'appelle Rico. Et à qui elle a promis (dans un moment d'égarement) de l'emmener aux Galápagos. Elle a beau lui répéter à satiété : « Parle-moi, parle à ta mère ! » celui-ci ne dépasse pas le stade du bredouillis inintelligible. Ah, ces ados !

Pourtant, « Les mères n'ont pas de raisons d'être tendres avec leur progéniture ! » assène-t-elle. Cette femme du nom de Catherine Moulin, qui traite son fils de noms d'oiseaux, est sur un fil, celui de la déprime : les nouvelles de son agent ne sont pas meilleures. « On n'a aucune date, c'est la dèche ! » En fait, on comprend assez rapidement, entre deux coups de téléphone à sa sœur Soizic, l'origine du problème : Catherine NE VEUT PLUS jouer pour des personnes âgées, dans des hospices. « Les vieux, confie-t-elle, quand ils riaient, j'avais peur qu'ils se cassent. »

La pièce progresse ainsi, par petites touches drôles ou émouvantes et on en arrive à la rencontre avec un « roux » prénommé Eddy. Morceau de bravoure pour la comédienne, comme la soirée qu'ils passent ensemble, puis la nuit. Avant le petit matin et, …

Mais ne déflorons pas davantage le sujet. Disons simplement que d'un décor sobre, un canapé et une table, le metteur en scène a tiré le maximum. Tout est en place, fonctionne bien et les deux comédiens collent à leurs personnages. Solal Forte, une révélation, a une présence indéniable. Il est là quand il faut, variant ses réactions, de l'adoration filiale à l'accablement. Évidemment, c'est Claude Perron qui se taille la part du lion. Cette comédienne à la fois fragile et forte, est dans son rôle, conservant, ce qui n'est pas si fréquent, une légère distance ironique entre le personnage et elle. Un autre grand comédien, Claude Rich a ce même côté à la fois angélique et touchant.

Il est des spectacles courts qui semblent longs. Celui-ci a la bonne longueur, mais on souhaiterait qu'il continue encore un peu, encore un tout petit peu, tant Claude Perron nous enchante.

 

Gérard NOEL

 

 

Je suis drôle

Texte : Fabrice Malquiot
Mise en scène : Paul Desveaux
Assisté d'Amaya Lainez

Avec Claude Perron et Solal Forte

Lumières : Laurent Schneegans.
Musique : Vincent Artaud.
Costumes : Laurence Révillion

 

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