J’AVAIS UN BEAU BALLON ROUGE
Théâtre de l’Atelier
1 place Charles Dullin
75018 Paris
01 46 06 49 24
Jusqu’au 3 Janvier 2016
Du mardi au samedi à 21h – Dimanche à 15h
Cette pièce, c’est tellement du bonheur à l’état pur que l’on s’étonne de voir déjà le rideau tomber ! Alors qu’il s’est écoulé près de deux heures, le temps a suspendu son vol de moitié, une impression rarissime que l’on ne ressent quasi jamais au théâtre !
Interprétation exceptionnelle, texte intelligent d’une jeune dramaturge italienne, mise en scène sobre au service du jeu et des mots, sont assurément les clés de ce moment magique et poignant.
Sur scène, Romane et Richard Bohringer, père et fille dans la vie comme sur les planches, s’affrontent idéologiquement sur fond d’amour indéfectible.
À travers leurs dialogues, on partage, de son enfance jusqu’à sa mort, la trajectoire fulgurante de Mara Cagol (formidable Romane), qui développe sa conscience politique pendant ses études de sociologie au contact de son mari Renato Curcio, rencontré sur les bancs de la fac et avec lequel elle fonde le mouvement armé d’extrême gauche, les Brigades Rouges.
Retracé du point de vue de l’intime, le sujet résonne particulièrement en ces temps troubles. Face au discours aveugle et intransigeant d’une jeune femme qui veut « aider les ouvriers à avoir une vie meilleure » à tout prix même celui du sang, les arguments et le désarroi d’un père inquiet sont criants de vérité. Les dialogues qu’ils échangent sont si justes, si incarnés, qu’on les croirait sortir de nos propres lèvres. Ne lâchant jamais prise dans sa tentative, sans cesse réitérée, de la ramener aux raisons de la vie et de sa propre humanité, le père n’abandonne jamais, aussi radical dans son amour paternel que sa fille dans son embrigadement politique. En vain !
Les acteurs ne pouvaient être mieux choisis, même si, pour une fois, le rebelle n’est pas celui qu’on attend ! Ensemble pour la première fois sur scène, Romane (toute en grâce et énergie) et Richard (tout en pudeur et tendresse), par leur évident plaisir à jouer en duo, sont bouleversants et lestent d’intensité humaine une pièce fidèle à cette période tourmentée de l’histoire. À ne pas manquer !
Patricia Lacan-Martin
J’avais un beau ballon rouge
Texte de Angela Dematté
Traduction Caroline Michel
et Julie Quenehen
Scénographie Jacques Gabel
Musique Vassla Zagar
Mise en scène Michel Didym
Avec Romane Bohringer et Richard Bohringer
Mis en ligne le 17 décembre 2015