JACQUES LE FATALISTE ET SON MAÎTRE
Théâtre 12
6 avenue Maurice Ravel
75012 PARIS
08 92 68 36 22
Jusqu’ au 29 mars 2015.
Du mardi au samedi : 20h30 / Dimanche : 15h30
« Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s’appelaient-ils ? Que vous importe ? » On aura reconnu les phrases qui ouvrent le roman de Diderot. Quant aux noms des personnages, il s’agit bien sûr de Jacques, ci-devant serviteur et de son Maître, qu’on ne connaîtra pas sous un autre nom.
Il faut saluer le travail d’adaptation de Claude Gisbert, également responsable de la mise en scène : loin de céder à la facilité et de présenter un brillant pas de deux, comme c’est souvent le cas, il a multiplié les points de vue et les lieux, croisé des dialogues et restitué les aventures drôles ou tragiques qui parsèment l’œuvre. À côté de ce « road-movie » qui met en scène Jacques et son Maître, nous faisons donc connaissance avec Mme de la Pommeray, Agathe (après qui soupire le Maître) ou encore Bigre père et fils, qui tiennent un si grand rôle dans le dépucelage de Jacques. Les scènes s’enchaînent sans temps mort et, qu’il s’agisse de leçons d’escrime, de reproches ou de façon de donner des ordres, on se régale à ces chamailleries perpétuelles du Maître avec Jacques. Il est aussi question d’amour, bien sûr, d’amours au pluriel mais aussi de revanche, de blessure au genou, de guerre, d’errance… et de cent autres sujets où nous entraîne la fantaisie d’un Diderot en grande forme.
Dans un décor minimaliste, donc propice à toutes les audaces et à tous les sauts espace-temps, avec des éclairages impeccables et des costumes soignés, sept comédiens nous entrainent dans cette chronique vaguement inspirée de quelques pages du « Tristram Shandy » de Sterne.
On saluera le jeu de Cédric Lanoë, qui donne de la nuance au rôle du Maître, spécialement vers la fin. Excellentes prestations également de Maud Galet-Lalande (mutine et fine) et Sandy Farhi. Dimitri Michelsen est plus vrai que nature en noble manipulateur. Claude Gisbert s’est réservé le rôle de Jacques : il s’y montre agile et raisonneur, sans écraser le reste de la distribution. Ce spectacle s’impose à nous comme une évidence : il est cocasse et poétique, brillant et inspiré. Bref, un pur bonheur.
Gérard Noël
Jacques le fataliste et son Maître
Mise en scène et adaptation : Claude Gisbert.
Avec : Sandy Farhi, Laetitia Richard, Maud Galet-Lalande, Cédric Lanoë, Denis Lefrançois, Dimitri Michelsen, Claude Gisbert.
Assistant : Niccolo Rigutto.
Costumes et décor : Frédéric Morel.
Mis en ligne le 15 mars 2015