INTERVIEW
La Manufacture des Abbesses
7 rue Véron
75018 Paris.
01 42 33 42 03
Jusqu’au 24 avril 2019
lundi, mardi, mercredi à 21h
et le dimanche à 20h.
In english les 17 et 31 mars, les 7, 14 et 21 avril.
Au départ, il y a un film du sulfureux Théo Van Gogh. Il a été adapté et c'est cette version qu'on nous présente ici. L'histoire est simple : un journaliste spécialiste de politique est envoyé par son chef interviewer une bimbo, une starlette américaine héroïne de séries télé à l'eau de rose. Autant dire que Pierre Pietro (?) l'a mauvaise. Il y va quand même. L'interview tourne court. Repartant, il est renversé par une voiture et se retrouve chez elle, dans sa suite. L'histoire peut vraiment commencer. Il va s'agit d'un jeu de la vérité, tant Katia s'échappe, biaise, joue des jeux différents. Le fait boire. Le drague ouvertement. Le rejette.
De loin en loin (air connu) il menace de partir. Revient. On peine à s'intéresser à ce jeu de chat et de souris. Pas à cause des comédiens, non, mais tout ceci a déjà été vu et nous avons en mémoire d'autres face-à-face historiques marquants, comme "Le limier" de Antony Shaffer ou bien "Piège mortel" d'Ira Levin. Il y a surtout un manque d'ampleur : sont-ils dans une suite de palace ou... un décor un peu cheap ? La vamp n'est pas vraiment vamp. Le journaliste, qui déplore d'être ici et pas à Washington... n'a-t-il pas forcé sur le costume étriqué et les accessoires (sacoche fatiguée...) ?
On comprend assez rapidement, sans savoir vraiment pourquoi, qu'il va y avoir un "climax", un moment précis où tout va basculer.
Et cela arrive, au final, illustrant l'idée que les hommes ont des blessures physiques et les femmes des blessures morales. Finalement, l'évaporée était une rouée : c'est elle qui va manipuler le pauvre journaliste et mettre à jour sa blessure morale à lui.
Les personnages, sous la plume de Théo Van Gogh, manquent de relief : on part du cliché et on ne s'en écarte pas vraiment, en définitive.
C'est, avec toutes ces péripéties qu'on attend un peu, "une sorte de vaudeville pas drôle..." confiait une spectatrice.
Soyons juste : la mise en scène, fonctionnelle, se met au service de l'œuvre et Tom Morton et Tiffany Hofstteter ont de beaux moments, notamment dans les séquences où la petite caméra vidéo nous donne à voir un dédoublement entre le personnage et son image filmée retransmise sur l'écran de la télé. Où c'est l'heure où on ne joue plus, enfin où les personnages sont censés lever le masque.
Le dernier quart d'heure, glaçant, finit par emporter le morceau.
À signaler que ce spectacle se joue également en anglais (voir les dates en haut de cet article)
Gérard Noël
Interview
de Theodor Holman, d'après le film de Théo Van Gogh.
Adaptation : Tom Morton
Mise en scène : Thierry Harcourt
Avec : Tiffany Hofstetter et Tom Morton
Mis en ligne le 22 février 2019