Théâtre du Soleil
Cartoucherie
75012 Paris
Réservations : 33 (0)1 43 74 24 08 

 

Un spectacle en alternance du mercredi au vendredi à 19h30

Le Dernier Jour du jeûne
les mercredis 5 et 19 septembre, tous les vendredis

L'Envol des cigognes
les mercredis 12 et 26 septembre
les mercredis 3 et 10 octobre
tous les jeudis

 

Les deux spectacles en intégrale
le samedi à 16h, le dimanche à 13h

 

 

Au Théâtre du Soleil, une tragi-comédie de quartier se joue, au bord de la Méditerranée. Le diptyque présente deux visages – celui de la paix où le poids des traditions emprisonne les femmes, celui de la guerre lorsque les rôles sont réattribués pour le meilleur et pour le pire.

Ce campiello est mené par le dieu-père Théos incarné par Simon Abkarian et la déesse-mère Nouritsa, jouée par Ariane Ascaride, entourés de leurs deux filles aux aspirations opposées, Astrig et Zéla. La première rêve de devenir avocate, la seconde jeûne dans l’attente de rencontrer son futur mari. Vava, leur voisine, vient pour marier son fils Aris, jeune caïd au cœur tendre, à Astrig. Cet événement aura lieu sous l’œil de Sandra, leur tante érudite et rock’n’roll.

Simon Abkarian rend un bel hommage aux femmes méditerranéennes qu’il présente avec justesse dans leurs contradictions. Le langage poétique de l’auteur fait fleurir des images truculentes qui font écho à l’imaginaire extraordinaire et au franc parler marseillais. L’auteur a souhaité inscrire son histoire dans une unité de lieu imaginaire. Le spectateur contourne ses certitudes car il croit discerner le lieu de l’action par un accent prononcé, intuition qui s’estompe dans le mélange des intonations qui transcende les catégories préconçues.

Toutefois, l’éclectisme ne marche pas toujours, le syncrétisme n’a parfois pas lieu. La musique rock de Jimmy Hendrix côtoie, de façon maladroite, des chants venus des bords de la Méditerranée. Le grotesque du personnage de Sandra atténue son rôle crucial. Sandra incarne une génération sacrifiée de femmes dont l’esprit de liberté souffle sur la seconde génération, elle-même désillusionnée par la tragique réalité de la guerre.

La rupture avec le premier volet est sans équivoque. L’Envol des cigognes nous propulse dans ce même quartier, dix ans plus tard, où la guerre a surgi. Cette même famille se débat pour garder dignité et intégrité alors que les anciens voisins sont devenus des bourreaux animés par un fanatisme religieux. La guerre bouscule les logiques passées, tout se troque, chacun tente de trouver du sens dans son action. Malgré quelques longueurs, le spectateur est pris par ces différentes histoires qui font un malheureux écho à la réalité des images de nos écrans. La beauté demeure, pourtant. Nous nous surprenons à rire et à rêver avec les personnages, grâce au verbe magnifique de Simon Abkarian qui nous procure un délicieux plaisir de théâtre.

L’expérience de l’intégrale au Théâtre du Soleil nous transporte dans un autre monde. La tragi-comédie devient comme un feuilleton avec des personnages habités par un langage magnifique. Cette temporalité peuplée d’images solaires et sucrées dilue la gravité du discours, ce qui nous fait oublier, parfois, ce qui est en jeu.

Alexandra Diaz

 

Le Dernier Jour du jeûne

Écriture et mise en scène : Simon Abkarian

Avec : Simon Abkarian, Ariane Ascaride, David Ayala, Assaâd Bouab, Pauline Caupenne, Délia Espinat Dief, Marie Fabre, Océane Mozas, Chloé Réjon, Catherine Schaub-Abkarian, Igor Skreblin.

 

L'Envol des cigognes

Écriture et mise en scène : Simon Abkarian

Avec : Simon Abkarian, Maral Abkarian, Ariane Ascaride, Serge Avédikian, Assaâd Bouab, Pauline Caupenne, Laurent Clauwaert, Délia Espinat Dief, Marie Fabre, Victor Fradet, Eric Leconte, Eliot Maurel, Océane Mozas, Chloé Réjon, Catherine Schaub-Abkarian, Igor Skreblin.