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HYACINTHE ET ROSE |
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Théâtre La pépinière
Rien. Trois fois rien ou presque. Une tenture, une table, une chaise. Un piano. Et de ce presque rien va naître un des spectacles les plus attachants que j'ai vus. Capable en un instant de nous faire rire ou monter les larmes aux yeux. Par la magie des mots et de l'interprétation. Par la beauté d'un texte fourmillant d'anecdotes tour à tour cocasses ou émouvantes. Par la justesse du jeu. François Morel, clown poète et poète malicieux, nous prend par la main pour un retour dans le passé à la fois tendre et empli d'humour, à une époque où ne régnaient pas en maîtres ordinateurs et portables, où on savait prendre le temps, le temps d'observer, de rêver, de vivre tout simplement. Souvenirs d'un temps que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître. Souvenirs d'une époque à jamais révolue. Souvenirs d'un petit citadin qui passe ses vacances à la campagne chez ses grands-parents, Hyacinthe et Rose, lui coco, elle catho. Qui se chamaillent sans cesse. Pour qui les mots d'amour sont des invectives. Mais qui seront incapables de vivre l'un sans l'autre. Dans cette lecture qui est bien plus qu'une lecture, François Morel donne vie à une multitude de personnages, curé aux sermons interminables, cousin « premier de la classe » et autres villageois. Le trait est juste, parfois acéré mais toujours empreint d'une certaine tendresse. Et nous envoie de grandes bouffées d'enfance, de souvenirs heureux, de jours qui ne reviendront jamais mais qu'on garde profondément enfouis au fond de soi, toujours prêts à resurgir au détour d'une image, d'une couleur, d'une odeur. Oui, le temps d'un spectacle, les instants se figent dans une parenthèse enchantée soulignée par l'accompagnement musical d'Antoine Sahler, imaginatif et surprenant. Merci Monsieur Morel pour cet instant magique, un instant de douceur dans un monde qui en manque cruellement.
Nicole Bourbon
Hyacinthe et Rose avec François Morel et Antoine Sahler au piano Texte et mise en scène François Morel
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