HUIS CLOS

À La Folie théâtre
6, rue de La Folie Méricourt
75011 Paris 
01 43 55 14 80

Jusqu'au 30 novembre
Du jeudi au samedi à 21h30
Dimanche 18h00

Merci de cliquer sur J'aime
Mis en ligne le 18 octobre 2014


Photo Claude Bourbon

La compagnie Les yeux qui sonnent nous livre une version moderne et originale du célèbre Huis-clos de Sartre.

L'excellente idée est d'avoir doublé chacun des personnages par un danseur et deux danseuses et d'avoir mis sur scène côté cour des musiciens qui accompagnent ou ponctuent l'action.

Quand la parole paraît ne plus suffire les danseurs prennent le relais, c'est alors le corps qui s'exprime, gestes saccadés ou doux, bondissant ou se laissant aller, sur des chorégraphies bien vues de Mélodie Decultieux. Ils jouent aussi derrière un voile blanc les actions terrestres que voient Estelle, Inès et Garcin. Ils apportent grâce et légèreté à l'ensemble, qui rejoint peut-être finalement par d'autres voies l'impression de Sartre d'avoir écrit une pièce drôle et non le drame qu'on y voit habituellement.

Les comédiens font des compositions très justes des personnages, Anne-Lore Leguicheux qui met également en scène, interprète Inès, elle  mène l'intrigue, elle est dure, cynique, toute la tension de la pièce repose sur elle. Eva Roche est une Estelle tout à fait  exquise, séductrice et  superficielle.

Luc Baboulène campe un Garcin explosif, confronté à ses contradictions, il biaise ou se révolte.

Mais leur débit est beaucoup trop rapide, on a parfois du mal à comprendre ce qu'ils disent,  il faudrait qu'ils prennent un peu de distance, ralentissent, laissent de courts  silences s'installer parfois.

Côté mise en scène, si nombre d'idées sont excellentes,  les apparitions et disparitions des danseurs, avec ce voile blanc tiré tantôt dans un sens tantôt dans l'autre prennent vite un côté un peu trop systématique, et coupent la montée en puissance du texte.

Mais l'ensemble est prometteur, les imperfections devraient se corriger au fil des séances, on n'était hier qu'au soir de la première.

Et la scène finale, où chacun se retrouve seul face à lui-même, comprenant enfin que chacun porte son propre enfer en lui, l'image de lui qu'il projette conditionnant le regard des autres, ce regard qui peut vite devenir châtiment. Dont nous sommes responsables.

L'enfer c'est les autres mais ne serait-ce pas aussi et surtout soi-même ?

Nicole Bourbon

 

Huis clos

de Jean-Paul Sartre
Metteur en scène : Anne-Lore Leguicheux

Avec : Clément Caritg, Mélodie Decultieux, Juliette Brulin, Valentin Regnault, Eva Roche, Luc Baboulene, Anne-Lore Leguicheux, Hélène Bondaz, Adrien Graf, Ludovic Cayrel, Marion Froger, Anne-Laure Sdika, Ronan Cavenne, Loïc Faquet