Hollywood 1939 dans le bureau cossu du producteur David O. Selznick, c'est l'état de crise. Le tournage de « Autant en emporte le vent » vient d'être arrêté, le scénario trop long de Georges Cukor déchiré et ce dernier viré du projet. Il doit être réécrit de toute urgence et c'est ainsi qu'il engage un nouveau scénariste qui a fait ses preuves : Ben Hetch et le réalisateur Victor Fleming en plein tournage du « Magicien d'Oz ». Cinq petits jours pour adapter le best seller de Margaret Mitchell et en faire le film dont rêve. Selznick. Seulement voilà Hecht n'a jamais lu le roman. Qu'à cela ne tienne les deux autres vont lui jouer toute l'histoire en accéléré. C'est le thème de départ de cette épopée délirante pourtant tirée d'un fait réel.

Usant de son pouvoir de producteur puissant, Selznick s'érige en véritable dictateur en leur imposant l'enfermement dans son bureau et une nourriture plus faite pour des animaux de zoo. Bien entendu tout cela est traité avec tous les codes de la comédie même en abordant l'Amérique raciste (la gifle donnée par Scarlett à sa domestique noire) ou le pouvoir des juifs dans le cinéma américain tout comme la folie qui les guette après cinq jours de travail ininterrompu sans sommeil, prétexte à des situations burlesques, cocasses et délirantes de drôleries. Remarquablement mis en scène, cette pièce jubilatoire se pare d'un humour que ne se prive d'aucune de ses ficelles même les plus grosses.

On ne peut que souligner la performance des trois comédiens qui ne s'économisent pas une seconde pour que chaque situation, chaque réplique soit prétexte au rire même dans leurs délires les plus extravagants. Et c'est totalement hagards, exténués, le cheveu hirsute, les yeux exorbités, le bureau en vrac, qu'ils vont gagner leur pari fou, accoucher ensemble du plus grand film d'amour de tous les temps.

Le public ne s'y trompe pas, car il rit à gorges déployées et les comédiens ont bien mal à quitter la scène tant les rappels sont nombreux. Courrez voir cette pièce et vous découvrirez les coulisses inattendues du plus grand chef d'œuvre du cinéma américain.

Patrick Rouet

 

Hollywood

de Ron Hutchinson
Mise en scène : Daniel Colas
Adaptation : Martine Dolleans

Avec : Thierry Fremont, Pierre Cassignard, Emmanuel Patron, Françoise Pinkwasser

Décor Jan Haas
Costumes Jean-Daniel Vulliermoz
Lumières Jean-Pascal Pracht
Musique Peter Ludwig