GENDER CONFERENCE
Confluences
190 boulevard de Charonne
75020 Paris
01.40.24.16.46
Jusqu'au 2 mars
Cette « vraie/fausse conférence » sur le sexe et le genre montée pour la première fois en 2008 est au cœur de l'actualité. Rappelons la toute récente « rumeur » selon laquelle une « théorie du genre » serait enseignée à l'école, dès la maternelle, niant les différences sexuelles entre filles et garçons. Et ce, soi-disant afin d'en finir avec le modèle traditionnel hétérosexuel de la famille et encourager les autres: homosexualité, bisexualité et transsexualité. En résumé, la confusion ambiante est telle que ce spectacle tombe à point nommé pour remettre les pendules à l'heure.
Avant l'entrée en salle, on nous fait remplir des questionnaires visant à définir notre identité. Puis des femmes déguisées en hommes, un homme déguisé en femme, un homme déguisé en homme, attendent le public dans la salle. Ils commencent par une piqure de rappel à propos des différences faites entre les hommes et les femmes dans notre société. Puis l'histoire du sexe – biologique – et du genre – le rôle que la société construit pour chaque sexe – est retracée de façon illustrée et pédagogique. On part de la prise de conscience de l'inégalité de traitement en 1970 à la politisation des questions sur le genre en passant par une certaine illusion d'égalité et l'avènement du mouvement Queer qui bouscule les codes dans les années 1990.
Une fois le cadre conceptuel et historique planté, les quatre comédiens et/ou comédiennes qui ont d'autres talents à leur arc retracent l'histoire de la construction de l'identité sexuelle, depuis le stade embryonnaire jusqu'à l'âge adulte. En effet, slam, rap, danse hip hop, chansons, bandes son, vidéos, publicités, extraits de textes universitaires rythment la mise en scène. Et ces multiples formes et supports illustrent bien l'invasion des stéréotypes masculins et féminins. En plus de cela, elles donnent de l'énergie à ce spectacle : Anne Morel réussit une mise en scène riche et variée et transporte le public d'une émotion à l'autre. C'est touchant, mention spéciale pour la chanson du couple de futurs parents qui doute, interprétée par Mathias Gourdot et Sandrine Petit. C'est drôle, à l'image du personnage moustachu interprété par Anne Morel. C'est beau, comme la danse de Tibo Trilles qui hésite entre les crampons de foot et les pointes de danse classique. Les perruques, les chaussures à talon, les cravates, les mini jupes ou encore la queue de sirène sont autant d'accessoires « genrés » qui sont utilisés à fort bon escient pour nous rappeler des vérités qui, au regard de l'actualité, sont bonnes à rappeler. Au hasard, le cerveau n'a pas de sexe et le monde de Petit Ours Brun, ce n'est heureusement pas la vraie vie.
Le travail de cette compagnie est remarquable et bienfaiteur pour rappeler à tous que dans notre société, si certains désirs font désordre, nous appartenons tous au même genre, le genre humain.
Ivanne Galant
Gender Conference
Compagnie Sans Titre Production
Mise en scène : Anne Morel
Avec Anne Morel, Sandrine Petit, Mathias Gourdot et Tibo Trilles