Photo Zenoid

Le Musée de l’Orangerie accueillant une exposition consacrée à Frida Kahlo (1907-1954), le théâtre Dejazet propose une pièce entièrement écrite et jouée par Lupe Velez à propos de la vie tumultueuse de l’actrice mexicaine (le spectacle avait déjà été joué en 2011 alors que beaucoup de projets autour de l’année du Mexique en France avaient avorté, dont l’exposition de peintures). Ce spectacle offre un magnifique complément à l’exposition puisque la vie et l’œuvre de Frida Kahlo sont étroitement liées : comment comprendre l’une sans connaître l’autre ?

Si les tableaux sont mentionnés ou apparaissent sur scène, Lupe Velez prend le parti de se centrer sur des épisodes marquants de la vie de Frida : la maladie, l’accident de bus qui l’a rendue handicapée, son engagement politique, son séjour à Paris sous l’égide d’André Breton, son refus d’être classée parmi les surréalistes  et surtout sa relation avec Diego Rivera, muraliste mexicain à la renommée internationale, le grand amour de Frida, qui s’était résolue à accepter ses infidélités, tentant de les oublier grâce au cognac. À travers la gestuelle de l’actrice, on a l’impression de voir le corps de Frida, mutilé, malade, déséquilibré, corseté, amoureux, passionné, ivre, oscillant entre pulsions de vie reflétées entre autres dans les couleurs de ses robes typiques de tehuana et pulsions de mort obsédantes avec l’intervention récurrente d’un mystérieux homme-squelette.

Incarner Frida est complexe et beaucoup ont en mémoire l’interprétation de Salma Hayek dans le film éponyme réalisé au début des années 2000. Lupe Velez campe une Frida tout aussi convaincante, tout d’abord physiquement, grâce à la coiffure et au mono-sourcil dessiné sur son front, et aussi grâce à sa gouaille qui colle tout à fait au personnage. Saluons le travail d’écriture de cette pièce, réalisé à partir de plusieurs biographies et du journal intime de l’artiste. La performance repose sur les épaules de Lupe Velez et permet, en moins d’une heure et demie, d’en apprendre un peu plus sur le destin d’une artiste tourmentée et de pénétrer dans son monde particulier, grâce à des originalités et des efforts de mise en scène évidents.  Les amoureux de l’espagnol ne seront pas en reste puisque quelques chansons ponctuent le spectacle : Malagueña salerosa et Cucurrucucu paloma, entre autres. L’hiver parisien sera donc aux couleurs de Frida, plein de vie malgré les douleurs : « ¡Viva la vida ! » concluent conjointement Lupe Velez et Frida Kahlo.

Ivanne Galant

 

 

Frida Kahlo, Attention peinture fraîche

Texte, mise en scène et interprétation : Lupe Velez

L’homme de l’hombre : Damien Dos Santos