Festen est un film Danois devenu culte dès sa sortie en 1998. Il fait maintenant partie des meilleurs films que le 20ème siècle ait produits.

L'histoire ? La célébration du soixantième anniversaire de Helge, père vénéré d'une famille bourgeoise, tourne à la révélation des secrets de la famille, et pas des moindres puisqu'il s'agit, derrière une apparence irréprochable, d'un inceste que ce patriarche a fait subir durant des années à deux de ses enfants, les jumeaux, un garçon et une fille. Des jumeaux, il n'en reste qu'un, la fille s'est suicidée quelques mois auparavant.

La loi du silence éclate avec peine durant ce long dîner et l'on assiste à une lutte désespérée et d'une violence verbale inouïe entre ce père et cette mère complice par déni, et ce fils qui clame la vérité. Une manipulation de cette vérité qui est tout l'enjeu de cette histoire : le fils affabule-t-il pour ternir l'image du père ? Le père est-il ce monstre ou la victime d'une dénonciation calomnieuse ? Assistent à ce combat les deux autres enfants et le reste de la famille ainsi que les serviteurs de cette maison, sorte d'hôtel familiale perdu dans la campagne.

Sur scène, une longue table autour de laquelle va se dérouler la plupart des événements. La moitié des convives sont de dos, certains discours sont repris en vidéo directement sur le plateau et projetés sur l'écran de fond de scène, le spectateur assiste à ce festin comme s'il surprenait des échanges intimes.

L'action est traitée de manière réaliste. Les comédiens ont fait en sorte de construire leurs personnages en leur donnant des caractères très marqués dans un habillage de lumière minimal. Toute la mise en scène et le travail des acteurs renvoient plus au plateau de tournage qu'à une réelle vision théâtrale de ce drame.

On peut regretter que l'intelligence et la puissance du scénario soient absents de cette mise en scène qui manque de rythme et d'univers comme si la violence des échanges ne nous parvenait que par ricochet.

Cette fête qui est censée être un festin jubilatoire et cruel, une sorte de baiser cannibale, ne nous parvient  que comme une ronde un peu vaine, une peu froide et comme inhabitée.

Bruno Fougniès

 

Festen

D'après le film Festen de Thomas Vinterberg, coscénariste Mogens Rukov
Mise en scène Laura Bolgheri et Cécile Charbit

Avec : Laura Bolgheri, Erik Chantry, Cécile Charbit, Diane Dormet, Marie Gallien, Raphaël Jothy, Olivier Kuhn, Pauline Lacombe,  Sixtine Leroy, Sarah Mathurin  Fabrice-Emmanuel Roux, Claire Salomé, Baudouin Sama, Bertrand Schol, Jean Tomas Ward