FAIM DE LOUP |
Le Grand Parquet
Inspiré du petit chaperon rouge des frères Grimm, Laurie Cannac nous livre ici une version très personnelle de ce conte ô combien de fois vu et entendu. Le spectacle met d'ailleurs plutôt l'accent sur l'aspect transgressif de cette jeune enfant qui va presque consciemment se jeter dans la gueule du loup pour voir quand ça fait vraiment mal ! Un grand lit, un lit gigantesque trône en plein milieu de la scène qui fera office d'aire de jeu, de castelet ou de coulisses. Toute la magie se fera ensuite entre le petit chaperon, pas rouge mais blanc, qu'interprète Laurie Cannac et le loup interprété tout en masques et couette. Dès le départ, on est entraîné dans l'univers de cette petite fille surprotégée et qui va commettre l'irréparable, peut-être pour s'extirper de ce corps trop petit encore mais déjà plein de questions. Et on sera ballotté sans cesse et avec plaisir du conte à sa propre vie... La comédienne fait preuve d'une énergie formidable. Un peu comme devant les tours d'un magicien, je me suis parfois posé la même question : comment fait-elle ? Laurie manipule les marionnettes ou les fait vivre avec toutes les parties de son corps : bras, jambes, pieds, visage, mais aussi les fesses pour donner chair à la grand mère. Quelle belle maîtrise technique mise au service d'images fortes dont on se souvient ! C'est un théâtre courageux qui va au bout de ses rêves et de ses cauchemars. Un univers très personnel est créé, même si je m'en suis échappé par instant du fait de l'insistance à faire passer le message. Et puis il y a les masques et autres « figurations » qui sont d'une remarquable densité dramatique y compris quand ils nous amusent. On imagine que l'acuité visuelle de la metteuse en scène y est aussi pour beaucoup. C'est donc un spectacle à voir mais où il faudra bien respecter l'âge minimum de 8 ans.
Jean-Michel Beugnet
Faim de loup Mise en scène : Ilka Schonbein Conception, interprétation et manipulation : Laurie Cannac
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